À propos de cette édition

Éditeur
Humanitas
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
À l'encre de Chine
Pagination
27-30
Lieu
Montréal
Année de parution
1994
Support
Papier

Résumé/Sommaire

En sortant de la gare, une femme ne trouve plus son billet de train. Dans les heures qui suivent, d’autres objets lui appartenant disparaissent mystérieusement. Bientôt, c’est son propre corps qui s’efface à ses yeux.

Commentaires

« Cheng De, ville magique » aborde le thème de la dépossession de soi, de la perte d’individualité, de la dissolution dans la masse anonyme des gens. La narratrice, plus ou moins un avatar de l’auteure qu’on retrouve régulièrement dans le recueil, est une étrangère en Chine qui apprivoise son nouvel environnement. Sa présente aventure est une transposition symbolique de son désir d’intégration à sa société d’accueil qui possède des codes différents de celle dont elle provient. En un mot, cette femme veut se fondre dans la foule, se faire invisible. La valeur de la nouvelle tient essentiellement à cette idée originale.

Cependant, la façon dont Lisa Carducci ponctue la progression de l’effacement de son alter ego est marquée par un manque de rigueur narrative ou de logique interne. Première manifestation : elle perd son billet de train et Dieu sait que « pour sortir d’une gare, en Chine, il faut montrer son billet, faute de quoi on doit s’acquitter d’une amende ». Bravo pour ce souci de relever une pratique propre à la société chinoise ! Par contre, aucune explication pour justifier le qualificatif accolé à Cheng De, lieu de la résidence impériale d’été au XVIIIe siècle, peut-on lire dans les guides touristiques. Cela aurait pu se passer dans n’importe quelle ville de Chine puisque l’auteure ne fournit aucune information historique sur la ville.

Deuxième signe : un carton d’identification sur lequel était écrit son nom n’aurait jamais existé selon la personne venue l’attendre à la gare. Troisième fait : la veste qu’elle avait rangée dans sa valise a été remplacée par un paquet de cigarettes. Quatrième avertissement : le tableau indicateur des horaires des trains s’est volatilisé. Le problème, c’est que certaines choses disparaissent autour de la narratrice alors que ces disparitions ne devraient toucher que ses seules possessions.

Pour finir de gâcher la sauce, Lisa Carducci conclut sa nouvelle par une pirouette littéraire puérile : elle annonce que le texte que nous venons de lire n’existe pas. La preuve : le titre ne figure pas dans la table des matières ! [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 37.