À propos de cette édition

Éditeur
Paulines
Titre et numéro de la collection
Jeunesse-pop - 83
Genre
Science-fiction
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
155
Lieu
Montréal
Année de parution
1992
ISBN
9782890395664
Support
Papier
Illustration

Résumé/Sommaire

David Colin est invité par son père à venir passer ses vacances sur la planète Anubis-7. Ian Colin est un éminent planétologue qui travaille pour le compte de la compagnie Syridar. Il doit provoquer l’irruption d’une chaîne de montagnes qui modifiera le climat d’une partie de la planète et rendra plus facile l’extraction d’importants gisements de minerais qui regorgent dans son sous-sol.

Toutefois, Ian a été prévenu par une zoologiste de la compagnie, Lysia Wen, qu’une race animale, les Hayats, semblait posséder une intelligence supérieure. Le scientifique sait très bien que les modifications qu’il s’apprête à apporter à la surface de la planète risquent d’exterminer complètement cette espèce. Avant de commettre l’irréparable, il veut s’assurer que Lysia se trompe. C’est pourquoi il a fait venir son adolescent de fils dans l’espoir que grâce à ses dons de télépathe, il puisse entrer en communication avec ces êtres dont la beauté du chant est remarquable.

Après avoir établi un premier contact mental avec les Hayats, David compatit à leur sort et cherche à les sauver. Mais le directeur du chantier du Site Alpha, Hogur Kirmani, n’entend pas mettre un terme au processus de transformation de la planète recouverte de marécages et désire aller de l’avant pour servir ses intérêts et grimper dans la hiérarchie de la compagnie. Il fait tout pour étouffer l’affaire car la Charte de colonisation des mondes est formelle : « Il est interdit de coloniser un monde déjà habité par une espèce d’intelligence supérieure. » Pour ce faire, il exerce un chantage odieux sur Ian Colin.

Avec l’aide du robot Golem, David s’enfuit du chantier et se rend dans la vallée où vivent les Hayats pour les avertir du danger qui les menace. Les Hayats entreprennent alors une migration vers l’océan au fond duquel vécurent jadis leurs ancêtres. Poursuivis par les exterminateurs que Kirmani a lancés à leurs trousses, les Hayats atteignent la rive de l’océan où leurs chants conjugués font surgir du fond de l’eau une immense tour qui détruit les exterminateurs. Pendant ce temps, un inspecteur de la compagnie, Marcus Fergus Trax, découvre le complot ourdi par Kirmani et fait évacuer en catastrophe le Site Alpha alors que le compte à rebours pour le déclenchement des explosions nucléaires devant transformer l’environnement de la planète est amorcé.

Commentaires

Le Chant des Hayats est le premier roman pour jeunes écrit par Alain Bergeron. Je dois avouer tout de suite que j’ai toujours eu un faible pour les récits de Bergeron qui sait raconter une histoire avec simplicité et efficacité. Un été de Jessica demeure un roman capital dans l’histoire moderne de la science-fiction au Québec. Publié à la fin des années soixante-dix, ce roman a eu l’effet d’une bombe car rien ne laissait présager sa parution. Bien structuré, inventif et original, il a certainement eu un effet positif sur le développement ultérieur de la SFQ car il démontrait que ce genre littéraire pouvait avoir un succès populaire ici.

Plus tard, les nouvelles de Bergeron ont prouvé que ce succès n’était pas le fruit du hasard. « Les Crabes de Vénus regardent vers le ciel » et « Bonne fête, univers » ont entre autres séduit plusieurs lecteurs et confirmé la réputation de l’auteur. C’est donc avec des attentes élevées que j’ai entrepris la lecture du Chant des Hayats. Malheureusement, le résultat n’est pas à la hauteur de mes espérances. Le principal tort du romancier a été, à mon avis, de sous-estimer le lecteur. Au lieu de continuer à faire ce qu’il faisait le mieux, il a cherché à se mettre au niveau du jeune lecteur et cela lui a joué un vilain tour. Les situations sont stéréotypées et les personnages manquent de nuances, particulièrement le directeur de chantier qui n’a aucune once d’humanité. Quant au robot Golem, on le croirait tout droit sorti d’un épisode de la série Perdus dans l’espace.

Le dernier chapitre intitulé Épilogues apporte bien quelques éclaircissements et nuances à une histoire trop univoque mais cette tentative d’échapper au schéma manichéen véhiculé par le récit survient un peu tard. Ainsi, l’intégrité de Trax n’est pas remise en question mais on apprend que sa décision d’évacuer le Site Alpha et de se conformer à la lettre de la Charte n’est pas dictée que par des considérations humanitaires et nobles. Il mise sur la crédibilité qu’en retirera la compagnie et sur la possibilité que les Hayats ne survivent pas à leur environnement largement hypothéqué. Le calcul remet dans une juste perspective la conduite de la compagnie qui paraissait par trop irréprochable.

Par ailleurs, le rapport de Lysia Wen qui fait la lumière sur les événements qui ont probablement causé le dérèglement de l’écosystème de la planète et entraîné la disparition des Grands Hayats, les ancêtres des Petits Hayats transplantés dans un milieu terrestre, contient un avertissement non déguisé de ce qui risque d’arriver sur la Terre si les humains continuent de multiplier les catastrophes susceptibles de rompre le fragile équilibre écologique de la planète : destruction des forêts, pollution des océans par le pétrole, amincissement de la couche d’ozone, etc.

Il est dommage que ces enjeux n’aient pas été inscrits en filigrane tout au long du récit et que l’auteur les ait relégués à la toute fin du roman. Car pour l’essentiel, Le Chant des Hayats est une assez banale histoire de « terraformation » où l’aventure prime, avec les simplifications et les bons sentiments que ce choix comporte. Malgré cela, le roman de Bergeron n’est pas mauvais. Il est même supérieur à la majorité des romans de SF pour jeunes que j’ai lus ces dernières années. La relation que développe David avec les Hayats est attachante parce qu’il trouve finalement en eux, en raison de sa nature de télépathe, des êtres avec lesquels il peut établir une franche complicité. Pour la première fois, il peut être pleinement lui-même alors que son environnement humain, jusque-là, le condamnait à la marginalité et au repli sur soi.

En outre, il peut être rassurant de constater que l’homme est encore capable de se donner un code d’éthique en matière de colonisation spatiale en souscrivant à une Charte qui protège les espèces animales d’intelligence supérieure. Les préoccupations écologiques et le respect de la vie animale qui sont au cœur du récit constituent certainement les éléments les plus valables de ce roman dont l’écriture comporte, à l’occasion, quelques maladresses comme ce pléonasme surprenant : « Après s’être concertés un moment ensemble… »

N’empêche, les petites bêtes imaginées par Alain Bergeron éveillent notre sympathie car en leur donnant une psychologie enfantine – les facultés des Petits Hayats sont moins développées que celles des Grands Hayats qui avaient atteint un stade adulte de développement –, l’auteur vient chercher en nous ce qui reste de l’enfant que nous avons été. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 17-19.

Références

  • Anonyme, Littérature pour la jeunesse 1992, p. 26.
  • Anctil, Mélissa, imagine… 64, p. 104-105.
  • Dupuis, Simon, Lurelu, vol. 16, n˚ 1, p. 17.
  • Martel, Julie, Samizdat 23, p. 32-34.
  • Martel, Julie, Solaris 103, p. 52.
  • Martin, Christian, Temps Tôt 23, p. 38-39.
  • Pelletier, Francine, Samizdat 24, p. 43-44.
  • Sarfati, Sonia, La Presse, 25-04-1993, p. B 5.