À propos de cette édition

Langue
Français
Éditeur
La Tribune
Genre
Fantastique
Longueur
Courte nouvelle
Paru dans
La Tribune, vol. LV, n˚ 252
Pagination
11
Lieu
Sherbrooke
Date de parution
23 décembre 1964

Résumé/Sommaire

C’est la veille du jour de l’An. Dans une cabane de rondins au cœur d’une forêt du Haut-Saint-Maurice, quatre bûcherons grelottent. L’un d’eux, Gabriel Lajeunesse, propose à ses compagnons de tromper l’ennui en allant rejoindre Sainte-Jeanne, où le réveillon bat son plein, en chasse-galerie. Les quatre compères s’assoient dans leur canot d’écorce et promettent de livrer leur âme au diable si l’un d’eux prononce le nom de Dieu ou frôle le clocher d’une église durant le voyage. Ils se rendent sans encombre au village.

Deux heures avant l’aube, Gabriel rappelle ses amis : le temps presse car le chantier est à cent cinquante milles de distance et ils doivent être rentrés avant le jour. Mais Phillippe ne veut plus s’en retourner et, le whisky blanc aidant, continue à se faire aller les jambes au son du violon. Les premières lueurs de l’aube pointent lorsque les bûcherons prennent enfin le départ. En chemin, Phillippe, complètement saoul, échappe son aviron en prononçant un « Mon Dieu ! » retentissant qui précipite aussitôt tout l’équipage dans le vide. Les hommes atterrissent sur un banc de neige non loin de leur cabane, sains et saufs. C’est en regardant, ahuris, les restes de leur embarcation qu’ils comprennent que le Bon Dieu les a protégés.

Commentaires

« La Chasse-galerie » s’avère certainement l’une de nos légendes traditionnelles les plus connues : il en existe des dizaines de versions, dont la plus citée est certainement celle qui est passée à la postérité sous la plume d’Honoré Beaugrand. La version que nous recensons ici est manifestement originaire de la Mauricie, tandis que celle de Beaugrand, rappelons-le, venait de l’Outaouais. On peut penser que chaque région du Québec a donné naissance à quelques variantes de cette histoire.

Il est cependant difficile de déterminer l’exacte provenance du texte publié dans La Tribune : est-ce une adaptation originale qu’aurait écrite un lecteur ou un journaliste pour l’édition de fin d’année ? Quelqu’un aurait-il puisé cette transcription à même un recueil de contes littéraires (dans ce cas, le journal aurait omis de citer sa source) ? Quoi qu’il en soit, le texte, écrit dans une langue simple et vivante, est de facture honnête. Je dirais même que la qualité de l’écriture dépasse largement celle des histoires qui se publient habituellement dans les journaux régionaux du temps des Fêtes. Ce n’est manifestement pas l’œuvre d’un écrivain du dimanche, ce qui me fait opter pour la thèse du recueil ou pour celle du journaliste qui s’est fait conteur pour l’occasion. Dommage que le journal n’ait pas donné plus d’information sur l’auteur de ce texte.

Je ne sais si cette version présente un quelconque intérêt pour les chercheurs en littérature ou les folkloristes, mais elle peut certainement séduire les amateurs de contes traditionnels. [ID]

  • Source : La Décennie charnière (1960-1969), Alire, p. 9-10.