À propos de cette édition

Éditeur
Solaris
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Solaris 70
Pagination
6-10
Lieu
Hull
Année de parution
1986
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Amanda souffre de plus en plus d’insomnie et est en proie à des visions qui altèrent sa perception de la réalité. Les murs s’estompent au profit d’une forêt tropicale où elle entrevoit un oiseau au plumage rouge poursuivi par un chasseur. En vacances au Brésil avec son ami Gary, elle aura la révélation de la tragédie qui se préparait inéluctablement.

Commentaires

« Le Chasseur et l’oiseau » est plus un texte étrange et insolite que fantastique et son interprétation demeure ouverte. Il y a cette présence du chasseur dont le rôle est ambigu. Faut-il le considérer comme un meurtrier ou un sacrificateur ? Sa fonction est-elle sanguinaire ou victimaire ? Il est difficile de se prononcer. On pourrait croire aussi qu’il incarne surtout une force positive parce qu’il est en prise sur la nature. Contrairement au progrès qui détruit la forêt et saccage l’environnement, le chasseur se met à l’écoute de la nature et évite à l’oiseau une longue agonie car celui-ci n’aura bientôt plus aucun habitat.

Marc-Raoul Laroche met en place une structure binaire en opposant nature et progrès. En outre, l’héroïne entretient des relations difficiles avec les hommes tandis que ses relations féminines sont beaucoup plus harmonieuses. Le texte, par son contenu écologique et son atmosphère, évoque à certains moments quelques images du film de John Boorman, La Forêt d’émeraude.

Mais le gros problème de cette nouvelle un peu longue réside dans les deux derniers paragraphes. L’auteur transgresse la ligne narrative qu’il avait adoptée jusque-là : le narrateur interpelle le lecteur pour lui asséner une morale déjà présente implicitement dans le récit. Ce message dépourvu de subtilité altère la crédibilité du texte.

C’est dommage car le style, en dépit de quelques maladresses, est agréable. Il est particulièrement maîtrisé dans les très belles scènes de contact entre l’oiseau et la femme, dotée d’une prescience de l’avenir, qui semblent partager la même existence l’espace de quelques secondes ou de quelques semaines.

« Le Chasseur et l’oiseau » est le texte le mieux écrit de Marc-Raoul Laroche et certainement son meilleur à ce jour. On peut constater une différence phénoménale dans l’écriture par rapport à ses fictions précédentes. Laroche devient un écrivain intéressant dans ce genre de texte d’atmosphère. Il aurait intérêt à explorer cette voie. [RB]

  • Source : L'ASFFQ 1986, Le Passeur, p. 83-84.