À propos de cette édition

Éditeur
Lidec
Titre et numéro de la série
Volpek
Titre et numéro de la collection
Lidec-Aventures - 4
Genre
Science-fiction
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
134
Lieu
Montréal
Année de parution
1966
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Volpek, l’agent secret canadien, doit résoudre une mystérieuse affaire : des notables de Saint-Aubert, petit village situé entre Québec et le Saguenay, prétendent avoir vu de Petits Hommes Verts. Le gouvernement tient à ce que Volpek enquête. Accompagné de Boson, son fidèle assistant, Volpek se rend sur les lieux et ne tarde pas à constater que les gens du village n’étaient pas victimes d’hallucinations. Quelques Petits Hommes Verts, apparaissant et disparaissant à volonté, communiquant par télépathie, se manifestent en effet à Boson et à lui et « disent » être en mission scientifique sur Terre depuis une dizaine d’années. Ils affirment ne pas avoir terminé leur travail, ne vouloir aucun mal aux humains et ils exhortent Volpek à s’en aller. Devant son refus d’obtempérer, ils paralysent les deux compagnons d’un simple geste du doigt et les transportent dans leur château… situé dans l’une des falaises du village.

Faits prisonniers, Volpek et Boson ne tardent pas à apprendre que toute la technologie des petits extraterrestres est basée sur le magnétisme et que, grâce à leur parfait contrôle sur les forces magnétiques, les Petits Hommes peuvent réarranger les molécules à leur goût et créer ce qu’ils veulent, comme ce château médiéval ou des murs de force magnétique. Ils apprennent également que d’autres contingents de Petits Hommes Verts se trouvent sur la Terre et qu’ils sont disséminés partout à travers le monde, dans des habitations qu’ils ont reconstituées dans des falaises et des montagnes.

Tout cela paraît louche à Volpek. Pourquoi des êtres à la technologie si avancée auraient-ils besoin de tant de temps pour faire des recherches sur une planète qu’ils considèrent comme primitive ? Pourquoi avoir des contingents à travers le monde s’il s’agit d’une simple mission scientifique ? Et si l’intention des Petits Hommes Verts est de conquérir la planète, pourquoi ne pas l’avoir déjà fait, avec tous les pouvoirs dont ils disposent ? Ce mystère, Volpek est bien déterminé à l’élucider.

Commentaires

On le sait, Yves Thériault est un auteur extrêmement prolifique et polyvalent. Après avoir écrit pour les enfants et pour les adultes, il poursuit, avec Le Château des Petits Hommes Verts, une série de romans d’aventures pour adolescents, la série Volpek, débutée en 1965. Volpek, c’est un agent secret canadien aux qualités de super-héros (on reconnaît d’ailleurs là l’un des thèmes privilégiés de Thériault, le culte du héros) : il est très grand, il est fort, il impose le respect et il est supérieurement intelligent. Toutes ces qualités, alliées à une grande capacité de déduction, font de Volpek l’homme idéal pour percer les desseins des petits extraterrestres, qui cachent bien leur jeu. Le Château des Petits Hommes Verts fonctionne donc comme un roman policier. Il y a des énigmes à résoudre et, un peu comme Sherlock Holmes assisté du fidèle Watson, Volpek se charge de les élucider tout en expliquant à Boson comment il en arrive à ses conclusions. Cette petite astuce littéraire permet au lecteur de suivre la pensée de Volpek qui, autrement, resterait impénétrable. La présence de Boson apporte aussi une touche d’humour à l’histoire, car ce personnage se laisse facilement emporter et ne supporte pas qu’on les insulte, lui et son « Boss ». Ses réflexions portent souvent à rire, par exemple lorsque, excédé du fait que les Petits Hommes Verts ne cessent de les traiter de « primitifs », lui et toute la race humaine, il les traite, eux qui survivent par photosynthèse, « d’hommes-céleris ».

Le roman de Thériault tient également son lecteur en haleine du début à la fin, car le suspense est constamment soutenu, il n’y a pas de temps mort. Dès que Volpek pense avoir résolu certaines choses, d’autres événements surviennent, de nouvelles questions se posent. Mais on ne verse jamais dans l’invraisemblable. Tout, dans le roman, s’explique scientifiquement. On retrouve même, à certains endroits, des notes qui renvoient le lecteur à la fin du roman pour des explications scientifiques complémentaires. Les Petits Hommes Verts sont sur Terre parce que leur planète a dévié de son orbite, perdant ainsi la plus grande partie de son magnétisme. Or, toute leur technologie est basée sur le magnétisme. C’est même grâce à cela qu’ils sont arrivés à survivre, leurs savants ayant réussi à combiner les propriétés magnétiques et les principes de la photosynthèse pour modifier leur organisme et leur permettre de vivre sans nourriture, uniquement par l’absorption de rayons ultraviolets et de liquides. Ils sont sur Terre car il s’agit de la seule planète à posséder encore assez de magnétisme pour leur permettre d’y vivre. Et ce qu’ils veulent, c’est pouvoir s’installer sur Terre, à l’air libre, sans avoir à combattre, dans une île qu’ils créeront de toutes pièces. En échange de quoi leurs savants transmettront leur science aux savants terriens. On peut voir là, à un niveau métaphorique bien sûr, un autre des thèmes récurrents dans plusieurs œuvres de Thériault, la dénonciation de l’exploitation des peuples dits « primitifs » par les peuples dits « civilisés », et un plaidoyer en faveur de leur cohabitation. Le roman ne se termine-t-il pas par la cohabitation pacifique des Petits Hommes Verts, à la technologie très avancée, et des Terriens, primitifs aux yeux des extraterrestres ?

Nous nous en voudrions de ne pas mentionner également que l’histoire est très bien servie par l’écriture, par la « manière Thériault » comme il convient de la nommer : les phrases sont courtes, efficaces, elles vont droit à l’essentiel. En peu de mots, Thériault sait traduire beaucoup de choses, créer une atmosphère. Témoignage de cette volonté de l’auteur d’aller à l’essentiel, de ne pas se perdre en bavardages, certains débuts de chapitres prennent la forme de didascalies. Par exemple, le chapitre deux débute ainsi : « Avec Boson, à l’hôtel » ; le chapitre cinq, avec ces mots : « Dans la cellule aux barreaux désintégrés ». Écriture minimaliste, mais qui dit tout ce qu’il y a à dire. Cette façon d’écrire est propre à retenir l’attention des lecteurs. Cependant, comme rien n’est parfait, cette efficacité narrative comporte une faiblesse : la minceur de la psychologie des personnages. Ils auraient gagné à être plus étoffés, cela aurait conféré à l’histoire davantage de crédibilité. Cette dernière remarque n’enlève rien, cependant, à la qualité du roman qui est susceptible de plaire à beaucoup d’adolescents… et d’adultes. [SN]

  • Source : La Décennie charnière (1960-1969), Alire, p. 185-187.

Références

  • Le Brun, Claire, imagine… 16, p. 64-65.
  • Lortie, Alain, Requiem 16, p. 16.