À propos de cette édition

Éditeur
Solaris
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Solaris 73
Pagination
27-32
Lieu
Hull
Année de parution
1987
Support
Papier

Résumé/Sommaire

L’Holozone, le multibar le plus hot du MégaQuéb, a été construit dans les stationnements souterrains de l’ancien Hôtel de Ville de Québec. Désirant profiter eux aussi des Zonnats pour privilégiés, Hlein Falceau et Phorg Alidente ont tendu un piège à Clod Capro, une fourgueuse de Jours/Zones. Phorg doit entraîner la femme dans une alcôve du multibar, ce qui permettrait à Hlein de la prendre par surprise et de lui dérober son stock. Mais l’Holozone est une véritable jungle et il n’est pas facile de se soustraire à sa faune. Clod Capro, qui s’avérera une Artificielle Intelligence en cavale, aura provisoirement le dessus avant l’intervention d’Adolf Trigget, pédégé de la Offworld et mentor de Hlein Falceau.

Commentaires

Cette nouvelle fait tout de suite songer à « Capuccino Buns » de Claude-Michel Prévost. Par le lieu, bien sûr (un bar futuriste), mais aussi par l’atmosphère cyberpunk que ces deux textes sont les seuls à avoir distillée dans la SFQ. L’écriture, du moins au début, renvoie irrésistiblement au célèbre Orange mécanique d’Anthony Burgess. La langue y est aussi déroutante, avec ses abréviations (comps, tube réglo, la dir, holofen), ses mots d’argot inspirés du parler parisien (trop peut-être pour un texte québécois ?) et ses néologismes (mégurbanisation, gigapollution).

L’aspect écriture est d’ailleurs le plus intéressant de la nouvelle. Jean Pettigrew réussit à mener à bien son intrigue et à maintenir un bon suspense, sans perdre le lecteur dans le dédale de ses inventions langagières. On rit quand le juron préféré de Hlein Falceau, Log d’enfer !,  se transforme en Log d’enfer de merde ! sous l’effet du désespoir. Pettigrew a choisi d’investir moins d’imagination dans l’univers social où se situe l’histoire : ses Zonnats endômés et sa gigapollution ne surprennent pas, non plus que les AI (Artificielles Intelligences) qui rappellent les réplicants de Blade Runner. Les corps « boostés », cybernétisés, trafiqués des personnages ne sont pas non plus du nouveau, mais on y croit et cela seul compte ici. Si je devais d’ailleurs définir le thème de la nouvelle, j’opterais pour celui de la désincarnation-déshumanisation. Ce serait toutefois oublier que le texte constitue d’abord une performance littéraire réussie dont la teinte principale est l’humour.

Ceci dit sans méchanceté, « Chausse-trappes à l’Holozone » est une sorte de Saturday Night Fever version SF, avec son Dolby et effets spéciaux. À force de prouver qu’il peut aller dans toutes les directions, Jean Pettigrew m’amène cependant à souhaiter qu’il nous offre bientôt une œuvre aussi personnelle et profonde que son fameux « Les Hommes-snoopy… »  [DC]

  • Source : L'ASFFQ 1987, Le Passeur, p. 146-147.