À propos de cette édition

Éditeur
Rocher Blanc
Genre
Science-fiction
Longueur
Roman
Format
Livre
Pagination
413
Lieu
Cap-Rouge
Année de parution
1992
ISBN
2980191329
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Sur Terre, dans un futur proche, l’installation humaine dans l’espace commence. Hélène Tremblay, une microbiologiste spécialisée dans la recherche d’un vaccin contre le SIDA, se rend sur la station spatiale Freedom. Elle ignore, comme tous les Terriens, l’existence d’une vaste Fédération galactique constituée de races humanoïdes, et dont le point de ralliement, la planète Atéra, est peuplé par une race exactement semblable aux humains, mais pourvue de pouvoirs télépathiques ; on dit en ignorer l’origine, et, après avoir longtemps été une curiosité dans un zoo, elle constitue maintenant la bureaucratie essentielle à la gestion de la Fédération.

Un observateur de cette Fédération, Lori, se trouve aux abords de la Terre ; invisible dans la quatrième dimension, il observe les occupants de la station spatiale, et, persuadé d’avoir trouvé le berceau de sa race, il décide de convaincre l’un d’eux de l’accompagner pour plaider la cause de la Terre à la prochaine réunion de la Fédération, bien que ce soit contraire aux règlements. Il choisit Hélène, qui finit par se laisser persuader.

Elle se rend vite compte que Lori ne comprend pas qu’elle est une femme : les Atériens se reproduisent depuis des millénaires par clonage et sont tous mâles. Son arrivée sur la planète provoque donc quelques remous, mais on lui permet, ainsi qu’à Lori, de présenter le cas de la Terre à la prochaine assemblée de la Fédération. Un ami informaticien de Lori découvre qu’une « boucle de Rébus » a été placée dans Trébor, son ordinateur de bord, afin de l’empêcher d’avorter la mission de Lori quand celui-ci a enfreint le règlement. Mais qui l’a placée là ? Mystère. En attendant la résolution de cette énigme, Lori emmène Hélène visiter la planète des Gômes, une race d’êtres non-humanoïdes ressemblant à des rochers, chez lesquels il a un ami, vite baptisé Neptune par Hélène.

Lors de l’assemblée, ni Hélène ni Lori ne réussissent à convaincre les membres de la Fédération d’intervenir pour empêcher la Terre de se laisser aller à ses mauvais penchants ; Hélène y sera ramenée, après avoir vu son séjour atérien effacé de sa mémoire – tout comme l’amour qui s’est développé entre elle et Lori. Cette perspective l’horrifie, d’autant qu’elle réalise qu’elle est enceinte. Tandis que les deux amants essaient de trouver une solution, Neptune est assassiné sur sa planète, mais non sans avoir transmis un message destiné à Lori – message confirmant les soupçons de celui-ci : quelqu’un dans la Fédération devait être depuis longtemps au courant de l’existence de la Terre et l’a dissimulée aux Atériens.

La révolte couve parmi ceux-ci, et la faction la plus extrémiste s’enfuit dans l’espace après avoir enlevé Hélène, dont ils veulent faire la Mère de leur race future qui redeviendra bisexuée. Mais Lori les arrête. Il appert ensuite que c’est le Superviseur d’Atéra qui est l’auteur des diverses manigances auxquelles Lori et Hélène ont été en butte depuis le début – mais dans un but altruiste : il veut la libération des Atériens et leur retour à une vie plus normale ; c’est lui en définitive qui permet à Lori et Hélène de s’échapper dans le K-27, le vaisseau de Lori – non sans l’aide de Trébor, l’ordinateur qui est devenu autonome et très attaché à son maître.

Les deux amants se retrouvent donc sur Terre, dix-huit ans plus tard (à cause du paradoxe de Langevin), mais sans avoir vieilli eux-mêmes car ils ont fait le voyage en animation suspendue. Avec l’aide de la sœur d’Hélène, ils vont s’installer à Québec. Ils mènent une vie obscure mais comblée avec leur petite fille – Lori est homme de ménage dans un institut. Puis la vie tranquille du couple s’effondre : leur enfant est atteinte d’une maladie inconnue. Ils désespèrent mais se rendent compte que des Atériens vivent incognito sur Terre ; on les a laissé émigrer d’Atéra, au choix : sur la Terre ou sur une planète idyllique, Minos. Ils apprennent au couple que la maladie de leur enfant est propre aux Atériens (lesquels souffrent de diverses dérives génétiques pour cause de clonage excessif). Seules les machines laissées sur Atéra peuvent la sauver.

Lori et Hélène repartent donc dans le K-27, non sans s’être élégamment débarrassés d’un journaliste qui les talonnait, alors que la situation de la Terre se détériore : une bombe nucléaire a explosé en Antarctique, territoire aux ressources chaudement disputées entre les grandes puissances… L’enfant est finalement sauvée, grâce à l’intervention de Trébor et des Gômes, et Lori et Hélène décident de rester sur l’idyllique Minos, tandis que leurs compagnons atériens qui ont choisi la Terre s’affairent secrètement à la transformation pacifique de celle-ci grâce à leur pouvoir télépathique.

Commentaires

J’abordais avec les plus grandes craintes ce gros livre publié à compte d’auteur, mais je l’ai lu sans autre problème que les fautes d’orthographe et de français non corrigées (presque toujours les mêmes, en fait : participes passés, et – encore les méfaits du français de traduction… – usage du passé simple là où l’on devrait trouver le plus-que-parfait). C’est dire qu’il est très lisible, non qu’il s’agit là d’un joyau méconnu !

Si j’en ai longuement résumé l’intrigue, c’est parce qu’elle représente, somme toute, le principal « bon point » de cet ouvrage… En fait, c’est le genre d’histoire qui faisait le bonheur du Fleuve Noir dans les années 50, mais avec une attention digne d’éloges aux détails scientifiques ou pseudo-scientifiques, lesquels sont presque même bien intégrés dans l’action (à la mode des années 50, bien entendu : dialogues et exposés… mais assez bien maîtrisés).

La même attention digne d’éloges est aussi consacrée aux tours et détours d’une intrigue qui est assez ambitieuse (toutes proportions gardées, rappel), et dont tous les éléments s’imbriquent correctement les uns dans les autres, avec un minimum de grandes tirades et de “télégraphiage” des effets : on sent que l’auteur a réfléchi à son histoire et s’est donné la peine d’en nouer tous les fils, même si nombre d’éléments sont du ressort de l’abracadabra (le vaisseau invisible dans la quatrième dimension, par exemple…) ou de la bande dessinée (la civilisation galactique avec sa race d’administrateurs indispensables mais subalternes qui se révoltent évoque en particulier un album de Valérian, L’Ambassadeur des Ombres). Mais somme toute, un effort bien globalement sympathique.

Je ne sais s’il s’agit d’un jeune auteur, mais si c’est le cas, je souhaiterais qu’il continue à lire de la SF – beaucoup de SF… – au cas où, son éducation science-fictionnelle lui ayant fait rejoindre les années 90 pour ce qui est de ce qui s’écrit dans le domaine, il arriverait à passer à la vitesse supérieure. [ÉV]

  • Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 193-195.