À propos de cette édition

Éditeur
L'A Venir
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Temps Tôt 27
Pagination
19-23
Lieu
Bromptonville
Année de parution
1993
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Marianne 11236 reçoit au travail une lettre des mains d’un jeune homme de la Compagnie. Elle lit la consigne, puis se prépare soigneusement pour être au rendez-vous à l’heure dite. Elle remet ses papiers d’identité à une jeune femme blonde quand elle se présente pour la terminaison et pénètre dans une pièce éclairée d’une douce lumière bleue.

Commentaires

« Citoyenne » est une nouvelle lisse, tout en subtilités et en non-dits. C’est le récit clinique et neutre d’une mise à la retraite, d’une fin de service.

L’intérêt de cette nouvelle tient, pour une bonne part, à l’ambiguïté qu’elle cultive sur la nature du personnage central. Marianne 11236 est-elle une humaine parfaitement conditionnée à travailler en usine sans la moindre velléité de pensée subversive, sans la moindre manifestation d’insatisfaction ? Ou est-elle plutôt un modèle perfectionné de robot qui éprouve quelques sensations humaines et un début d’émotion ? Est-ce un fragment exemplaire d’une existence illustrant l’aliénation la plus totale ou, au contraire, l’éveil timide d’une conscience d’exister, parce que la fin approche, et la description de l’évolution d’une intelligence artificielle ? À l’appui de la thèse humaine, le fait que citoyenne Marianne soit sortie des écoles à l’âge de huit ans. À l’appui de la version robotique, il y a cette capacité chez Marianne, par exemple, de connaître exactement l’heure et la durée sans qu’elle ait à consulter l’horloge, comme si le temps était inscrit dans ses gènes.

La nouvelle de Cartier-Jones repose sur la minutie des détails, sur une description maîtrisée et policée de la situation, à l’image de la société qui se profile en arrière-fond. La froideur, le refoulement des sentiments évoquent une parenté avec l’univers de Bertrand Bergeron, mais on attend vainement, chez Cartier-Jones, la brèche, la faille qui ouvre sur une autre réalité et nous incite à relire le texte avec un regard différent. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 52.