À propos de cette édition

Éditeur
Médiaspaul
Titre et numéro de la collection
Jeunesse-pop - 133
Genre
Science-fiction
Sous-genre
Extraterrestre
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
166
Lieu
Montréal
Année de parution
2000
ISBN
9782894204030
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Un homme mystérieux, sans âge malgré ses longs cheveux gris, sauve de justesse un adolescent d’une mort certaine lors d’un accident d’auto. Il se présente ensuite comme son oncle pour le sortir de l’hôpital même si Stéphane, l’adolescent accidenté mais indemne, ne le connaît pas et qu’il ne l’a jamais vu avant ce jour. À quelque temps de là, il le tire des pattes d’une poignée de tueurs tout droit sortis d’une fable de SF. À partir de là, Mel, l’énigmatique personnage, prend les choses en main, délicatement mais fermement. Il entraîne Stéphane dans une aventure rocambolesque, il le fait entrer étape par étape dans Cajjarti, un univers de poche dont l’ado ignorait l’existence. Il lui apprend que c’est lui, Stéphane, l’unique détenteur d’une « clé psychique » – gravée en quelque sorte dans la matière grise – ouvrant toutes les portes de Cajjarti. Mais l’ado résiste. Malgré la confiance que lui inspire Mel, il est déchiré entre, d’une part, abdiquer tout contrôle, et, d’autre part, résister, accumuler les bêtises et les petites trahisons, s’empêtrer dans sa propre méfiance.

Brisant ses résistances, Mel l’initie à un nouvel ordre des choses, il lui raconte comment l’univers de poche a été créé il y a plus de mille ans pour l’agrément, la détente et les siestes de longue durée de son créateur, le Dormeur lui-même. Mais qui est Mel, justement, ce demi-dieu venu du fond des âges, qui connaît le moindre recoin, le moindre double fond de Cajjarti ? Stéphane découvre que c’est lui, à tout le moins, qui a fondé le mouvement Cajjar, cette poignée de privilégiés, presque une secte, qui protègent farouchement leur secret.

Commentaires

Guy Sirois concocte un récit initiatique avec les ingrédients habituels du genre : il faut un guide, ou un maître, et un apprenti ; il faut une quête, un but ; il faut des épreuves et des rites de passage ; il faut des connaissances et beaucoup de naïveté, de la chance et de l’innocence. Il faut que l’auteur fasse pencher la balance de l’incroyable plus du côté plausible que du côté improbable, au bénéfice du lecteur non initié à ce type de récit comportant une dimension fantastique. Aussi, la narration est-elle construite de telle façon, malgré un narrateur omniscient, que le lecteur participe à l’action le plus souvent possible par le truchement du jeune Stéphane. Adoptant le point de vue de l’apprenti, le lecteur subit les mêmes épreuves que lui, il franchit chacune des étapes avec lui, et grâce à lui. Il partage avec l’adolescent la découverte d’un autre monde où son autonomie et sa liberté sont limitées, certes, mais où, il le devine, ses pouvoirs ne demandent qu’à se révéler et à s’épanouir. Ils découvrent donc ensemble que chacun possède l’unique clé donnant accès à un monde exclusif.

Sirois exploite bien le personnage de l’apprenti. Il lui donne du cran, de l’astuce, de l’énergie, de la sensibilité, et en même temps, beaucoup de méfiance, peut-être même un peu trop. Au total, n’importe qui peut s’identifier à Stéphane, surtout un ado, juste le nom… Quant au personnage du maître, il joue à fond la carte du mystère. Ce Mel possède d’étonnants pouvoirs dont il use avec autant de précision que de parcimonie, il se comporte comme s’il savait toujours d’avance ce qui allait se passer, tandis qu’à l’opposé, sa mémoire court sur des siècles, voire des millénaires. Dans quelle catégorie classer un pareil personnage ? mage ? magicien ? dieu ? monstre ?

La Clé du monde fait 167 pages, une longueur respectable pour un roman jeunesse, 167 pages au long desquelles Guy Sirois maintient un bon rythme et exploite au mieux ses talents de conteur. Figure bien connue dans le petit monde de la SF québécoise à cause d’une dizaine de nouvelles écrites en tandem avec Jean Dion, Sirois signe en solo un premier roman. Il s’agit d’un essai concluant. Dommage que le texte comporte de rares coquilles et quelques licences grammaticales qu’une révision attentive aurait repérées. Une direction littéraire exigeante aurait aussi fait retravailler certains passages à l’écriture relâchée. Mais ce sont là des lacunes éditoriales auxquelles survit le texte. [RG]

  • Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 158-159.

Références

  • Giroux, Pierrette, Lurelu, vol. 23, n˚ 2, p. 43-44.
  • Lafrance, Pierre-Luc, Ailleurs 1, p. 82-84.