À propos de cette édition

Éditeur
Héritage
Titre et numéro de la collection
Échos
Genre
Fantastique
Longueur
Roman
Format
Livre
Pagination
203
Lieu
Saint-Lambert
Année de parution
1992

Résumé/Sommaire

Samek Garnotte, qui a vingt-trois ans, qui est d’origine montagnaise et qui est archéologue à l’Université McGill, met la main sur un souvenir de voyage de son frère qui a ramené des Bahamas un fragment de marbre encastré dans une branche de corail. Samek reconnaît une pièce d’une stèle et reconstitue une inscription qui ressemble à la signature de Christophe Colomb.

Incapable d’obtenir des fonds pour monter une expédition de fouilles, Samek Garnotte recrute un sien ami, le sieur Boulet, aussi connu sous le nom d’Éphraise Laframboise, ancien as marqueur des Canadiens. Ils s’envolent pour les Antilles où ils se procurent un vieux voilier et un attirail de plongée. Ils mettent alors le cap sur l’île de Samana.

Par une nuit d’orage, ils font sauter le récif de corail avec de la dynamite et ils repêchent la stèle du seizième siècle gravée sur les ordres de Christophe Colomb. Leur examen de cette trouvaille est interrompue par la police locale, qui trouve de la cocaïne à bord et boucle en conséquence les deux compagnons dans une cellule du poste local.

Nappie, un revendeur de drogue, avait caché la cocaïne à bord pour permettre à ses copains de fouiller la baie à la recherche du trésor qu’il croit que Samek et Boulet cherchent. Quand ses amis ne trouvent rien, Nappie fait évader Samek et Boulet. Entre-temps, ceux-ci ont appris du professeur dominicain Riccardo de Monte-Christi que la stèle aurait pu être perdue à Samana lors du déplacement du tombeau de Christophe Colomb en 1795. Samek et Boulet se mettent alors en quête de la véritable sépulture de Colomb.

Ils atteignent au hasard des vents Ragged Island, où justement une tombe anonyme abrite la dépouille de Colomb. Dès lors, les événements se précipitent. Capturée par Nappie, Samek s’enfuit et se réfugie dans la tombe de Colomb au milieu d’un ouragan. Elle fait un rêve où lui apparaissent les événements du passé. Grâce à eux, elle retrouvera le journal de bord de Colomb, qui s’effritera plus tard quand un douanier trop consciencieux insistera pour l’ouvrir, ne laissant aucune preuve de leurs découvertes puisque les restes de Colomb ont été emportés par les vagues de l’ouragan…

Commentaires

Première constatation : pour être professeure en archéologie à vingt-trois ans, et à l’Université McGill par surcroît, Samek Garnotte a dû faire plus que de brillantes études – découvrir une civilisation inconnue, par exemple. Même si elle n’est responsable que de l’enseignement des étudiants de première année, elle devrait être infiniment plus écoutée (et plus raisonnable) qu’elle ne l’est dans ce livre. À moins, bien sûr, qu’elle ne soit étudiante à la maîtrise ou au doctorat sous la direction du vilain professeur Hartsnkrafts, ce qui est plus crédible mais ne justifie pas vraiment la désignation de professeure dans son cas. (Mais ce qui permettrait de croire que c’est ainsi que Michel Savage a été « professeur de philosophie ».) Sinon on nagerait en plein merveilleux…

Deuxième constatation : dans un roman où l’auteur fait état des liens spéciaux des Amérindiens avec la nature, c’est un peu incongru de retrouver Samek Garnotte en train de détruire à la dynamite une colonie corallienne. Dans le genre du vandalisme écologique, c’est dur de faire pire.

Troisième et dernière constatation : dans le premier livre d’une série qui doit s’attaquer à des énigmes en histoire, en mathématiques, en biologie moléculaire, en astronomie, en politique et… en sport, c’est plutôt irritant de voir nos deux héros trouver l’objet de leurs recherches grâce à une série d’accidents et grâce à la vision obtenue par Samek alors qu’elle se terrait dans la tombe de Colomb au cœur de l’ouragan.

En effet, le contenu fantastique de ce roman se limite au pouvoir de Samek d’obtenir des visions ou des intuitions du futur en entrant en transe pour consulter Tshishemanitu. Il s’agit d’ailleurs pour l’auteur d’un recours bien commode quand il lui faut déprendre ses personnages pris au piège. L’intrigue est donc tissée d’une série de coïncidences à peine expliquées, progressant grâce aux interventions providentielles de Nappie, du professeur Monte-Christi, de tempêtes diverses et de la DEA – sans parler des visions de Samek.

De plus, l’auteur cède parfois à un humour facile, dont souffrent surtout les noms de ses personnages : Hartsnkrafts, Éphraise Laframboise, le couple de Bilodo et Toutoune, et Napoleon Washington, dit Nappie. Sa prose louvoie entre l’humour douteux de ce type, un style tout à fait passable et une grandiloquence souvent dérisoire. Quant à la psychologie des personnages, elle est à peine fouillée. L’auteur a toutefois le mérite de s’être solidement documenté sur son sujet. Les aspects historiques sont bien maîtrisés et sont présentés sans occasionner trop de longueurs.

Pour un coup d’essai, ce n’est pas vraiment un mauvais roman. Si Michel Savage traitait un peu moins familièrement les interventions de l’au-delà, ses intrigues gagneraient peut-être en intérêt, même si elles devaient échapper aux critères de sélection de L’Année… Son ambition semble être de créer un Bob Morane moderne et québécois, mâtiné d’Indiana Jones et de spiritualité amérindienne. Ce n’est pas nécessairement un projet à dédaigner et, le temps et l’expérience aidant, Savage pourrait bien y parvenir. Cependant, il reste encore du travail à faire. [JLT]

  • Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 168-170.

Références

  • Anonyme, Littérature québécoise pour la jeunesse 1992, p. 26.
  • Martel, Julie, Solaris 105, p. 44.
  • Meynard, Yves, Lurelu, vol. 16, n˚ 1, p. 27.