À propos de cette édition

Éditeur
La Revue de Montréal
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
La Revue de Montréal, vol. I, n˚ 5
Pagination
280-284
Lieu
Montréal
Année de parution
1877

Résumé/Sommaire

Un soir, le jeune François est chargé d’aller chercher le prêtre pour qu’il prodigue les derniers sacrements au vieux Santerre. Sur le chemin du retour, le curé Renaud parle de l’inconnu, trouvé noyé sur la grève, qu’on n’a su où enterrer. En route, le paysage change dans l’obscurité, et ils se retrouvent dans un boisé inconnu de François ; le cheval refuse d’avancer plus loin. Un cercueil surgit de terre, entouré de lumière. Le curé se répand en prières, semblant comprendre un message à lui seul adressé. Le lendemain, il fera exhumer le corps du noyé, qu’il avait mis en terre non-consacrée, le placera dans un cercueil digne et l’inhumera comme un chrétien. On saura plus tard que le corps était celui d’un colporteur assassiné pour son argent et laissé sur la grève pour que la marée l’emporte.

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Commentaires

Les légendes canadiennes publiées dans La Revue de Montréal sont (du moins à cette époque) écrites en rimes et en alexandrins – et pas de rimes pauvres, s’il vous plaît ! Ce qui n’empêche pas la narration d’être vive, pleine d’esprit et de verve.

Le motif est courant, du tort dénoncé par un intervenant surnaturel puis redressé afin que se rétablisse l’ordre des choses. Ici, comme dans « La Messe de minuit » du même Chauveau ou « La Messe du revenant » de Louis Fréchette, c’est un prêtre qui a commis une faute. Faute bénigne, certes, au plus une erreur, parce qu’il ignorait si le mort était catholique. (Qui sait si l’inhumation d’un protestant ou d’un juif en terre consacrée n’aurait pas provoqué d’autres protestations surnaturelles et fait l’objet d’un autre conte ?) À petite faute, petite semonce : le curé s’en tirera avec une brève frayeur, bien moindre que celle du jeune François. Il recevra et interprétera le message surnaturel aussi aisément qu’une missive ou qu’une parole, en homme habitué au commerce avec l’au-delà. L’apparition, en effet, sans être banale, est très sobrement mise en scène : quelques phrases créent une ambiance gothique (nuit noire, « arbres vieux et chenus », son lointain « comme des chants d’église »), et l’objet lui-même n’est pas horrible (un cercueil entouré de lumière).

Délibérément ou non de la part de Chauveau, cette bénignité convient au contexte qu’établit le prologue : arrêtés pour la nuit, des voyageurs fatigués et incertains de leur position ont demandé à leur aîné de leur conter des récits pendant qu’ils se reposent à la belle étoile. Ils sont bien loin de la maison éclairée, chaude et habitée, où l’on peut se permettre d’entendre des histoires épeurantes ; aussi, le conteur choisit-il l’humour et un sujet léger. [DS]

  • Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 54-55.