À propos de cette édition

Éditeur
J'ai Lu
Titre et numéro de la collection
- 2354
Genre
Science-fiction
Sous-genre
Univers parallèle
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Univers 1988
Pagination
157-169
Lieu
Paris
Année de parution
1988
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Loralou, lectrice professionnelle intoxiquée aux « biofictions », se rend dans la biothèque clandestine de Boldigne dans l’espoir d’y faire l’expé­rience d’un Coma sans verrouillage psychique. Acquiesçant à ses désirs, le dealer lui sert cette fois du Coma-B appartenant à la « post-biofiction ». Sous l’effet de la capsule de lecture, Loralou se retrouve dans un univers situé après le Chaos. Elle s’appelle maintenant Rosalou et sert d’assistante à Boldingue qui vend ses capsules à des hommes bleus aux comportements primitifs. Mais dans le premier univers, Boldigne apprend l’arrivée immi­nente des enquêteurs de la BIO. Pour éviter d’être accusé de trafic illégal, il tente d’extraire Loralou de sa biofiction en lui faisant avaler du Coma-B2, « jumeau négatif » du Coma-B.

Commentaires

Et les lecteurs-acteurs se perdront dans leur biofiction respective. Loralou-Rosalou sera Lyane Maltaire, contrôleuse de biofictions, tandis que l’inspecteur de la BIO s’avérera un homme bleu ayant trop « lu » de capsules. Les personnages auront conscience de n’être que des personnages, plusieurs à la fois même, et ne s’en porteront pas plus mal. Les fictions enchâssées finiront par se fondre et par confondre aussi un peu le lecteur. Avec Jean-Pierre April, il fallait s’attendre à un dénouement aussi peu conventionnel.

Comme c’est souvent le cas dans ses œuvres, les personnages de « Coma-B2, biofiction » sont conceptuels, sans psychologie ni affectivité apparen­tes. Créatures de l’intellect, elles s’adressent à notre intellect. Tout comme l’intrigue qui se refuse obstinément à déclencher quelque émotion chez le lecteur. Si certains reprochent à April ce choix littéraire qu’ils interprètent plutôt comme la marque d’une faiblesse, je demeure persuadé qu’il pourrait créer ailleurs des personnages plus réalistes et plus "habités". Mais ceci est une autre histoire… qu’April seul sera en mesure de nous raconter s’il le veut bien.

Quatrième volet d’un cycle déconcertant, ce texte succède à « Coma-70 » et « Coma-90 » (parus dans La Machine à explorer la fiction), ainsi qu’à « Coma-123, automatex » (Dix nouvelles de science-fiction québé­coise). En outre, c’est la troisième fois en quatre ans que Jean-Pierre April s’inscrit au sommaire de la revue annuelle française. Il avait été agréable d’y revoir en 1985 « La Machine à explorer la fiction », puis de permettre à « Il pleut des astronefs » de nous faire sourire l’année suivante. La nouvelle publiée cette fois-ci déclenche moins de surprise.

Pourquoi ? « Coma-B2, biofiction » est un très bon texte, tout à fait typique de la manière April quand celui-ci déploie tout son talent. Mais je crains qu’il n’apporte de neuf par rapport à « La Machine à explorer la fiction ». Réalités imaginées, confusion vérités-fictions, fictions entre­mêlées, manipulation des imaginaires, l’auteur a déjà développé cette thématique à quelques reprises et souvent fort bien. Faire exploser les rapports entre personnages, lecteurs, auteurs, cadres fictifs, cela n’est pas non plus une entreprise sans intérêt. Loin de là même. Si Jean-Pierre April désire toujours poursuivre cette exploration, il devra toutefois se demander peut-être si les lecteurs sont désireux de le suivre.

Car après qu’il nous ait montré en 1985 de quel autre bois il se chauf­fait avec « Impressions de Thaï Deng », j’attends de Jean-Pierre April qu’il allume des feux de couleurs différentes. [DC]

  • Source : L'ASFFQ 1988, Le Passeur, p. 15-16.