À propos de cette édition

Éditeur
Solaris
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Solaris 113
Pagination
16-21
Lieu
Ville-Marie
Année de parution
1995
Support
Papier

Résumé/Sommaire

« La Cathédrale »

À leur arrivée, les Élohims exigent la construction d’une cathédrale. Leur demande étant rejetée, les aliens ne donnent pas le secret de l’immortalité aux humains. Deux cents ans plus tard, les Élohims récidivent et on la leur construit, leur cathédrale. Sauf qu’au lieu de donner l’immortalité aux humains, ils leur imposent un fléau sous forme de mouches invulnérable se nourrissant de plastique et de métal. Les Élohims reviennent cinq cents ans plus tard. L’humanité, refoulée dans les océans par les mouches, bombarde les vaisseaux extraterrestres sitôt que ceux-ci réclament une nouvelle cathédrale. Il s’avère que les mouches étaient un plan de sauvetage de l’espèce humaine, les cathédrales étant autant de subterfuges. Les mouches devaient, à terme, former une barrière contre les rayons du soleil, devenus mortels, puisque celui-ci entrait, contre toute attente, dans sa phase d’hyperactivité.

« La Conquête de l’écriture »

Des extraterrestres envahissent la Terre grâce à l’écriture d’un récit particulièrement volumineux – au sens littéral : leurs appareils construisent une bande noire gigantesque, s’étendant sur tout le globe, où ils impriment un message en une langue inconnue. Se pourrait-il que cette invasion ne soit qu’une publicité à l’échelle galactique ?

« Cauchemar nouvel âge en noir »

Jean-Paul Beauregard est un gourou positiviste et un écrivain nouvel âge à succès. Dépressif, il retrouve le goût de vivre en s’adonnant au Mal. Le Malin lui rend finalement visite, l’emmenant en limousine pour une balade qui rappelle à Beauregard un récit moralisateur qu’il a déjà écrit, où le protagoniste meurt, lâché par Satan, lequel s’était trouvé une autre marionnette.

« Cauchemar nouvel âge en rouge »

Jacques, un ingénieur, libère l’esprit d’un rubis qui, pour exaucer son vœu d’obtenir la protection absolue, désintègre son corps afin d’enfermer son esprit dans le rubis d’un joyau, lui-même enfermé dans une voûte réputée inviolable.

« Cauchemar nouvel âge en rose »

Édouard se meurt d’un cancer du foie. Participant à une séance de visualisation dans une thérapie de groupe, il commande à l’avatar de son cancer, un bébé fumant le cigare, de le guérir de sa présence. Le bébé accepte, en échange de quoi il lui crache une fumée qui provoque chez Édouard une toux mortelle, bien qu’il ait été miraculeusement guéri de son cancer.

« Cauchemar nouvel âge en bleu »

Évelyne est une naturopathe et herboriste dont la passion pour les plantes frôle la monomanie. Après avoir absorbé un nouveau mélange de sa composition, elle manifeste très tôt les symptômes d’une métamorphose végétale. Impossible, toutefois, de convaincre d’autres personnes des bienfaits du « cadeau des plantes » : leur réaction affolée devant leur métamorphose encourage Évelyne à les éliminer, au moyen du poison que sécrètent les épines qui ont poussé sur ses mains.

« L’Attaque »

Un bulletin de nouvelles alarmiste, qui informe les citoyens d’une invasion extraterrestre insidieuse, est interrompu de manière inopinée par le son du carillon de la porte, alors que personne n’était attendu.

« Boîte vocale »

Un homme tombe amoureux du message lubrique d’une boîte vocale. La rencontre avec Caro, l’auteure du message, est d’abord une mauvaise surprise : celle-ci n’a pas la bonne voix. Malgré tout, il décide de la revoir, ce qui le mènera éventuellement dans son lit, où la voix sensuelle refait alors surface – en provenance du sexe béant de la femme.

« Le Cirque des morts vivants »

Des scènes tordues et gore se produisent dans un cirque sanglant, véritable perversion de l’esprit de Barnum & Bailey, où l’assistance est composée de zombies.

« Maquillage »

L’instauration d’une nouvelle mode d’esthétique personnelle holographique nécessitant une observation à distance de l’individu provoque lentement la décadence complète de la civilisation, qu’un virus mortel finit d’achever, ne laissant derrière qu’une multitude de panneaux holographiques personnalisés, véritable musée nouveau genre.

« Rencontre »

Paul exorcise sa timidité dans l’écriture de récits érotiques sulfureux. Un soir où il est en panne d’inspiration, il rend une visite impromptue à sa voisine de l’étage supérieur, qu’il n’a jamais vue. Coup de foudre : tétanisé, il retourne à son appartement sans mot dire, en proie à une furieuse excitation envers celle qu’il surnomme déjà sa Belle au bois dormant, qu’il veut voir tomber dans ses bras. Il sublime illico sur le papier son désir, y passant toute la nuit. Au matin, sa voisine, insomniaque, se défenestre, ayant passé une nuit infernale où une voix venue du plancher lui commandait de tomber.

Commentaires

« Conquêtes et autres catastrophes » est une véritable mine d’or de l’humour grinçant, pince-sans-rire, quand il ne s’agit pas d’humour noir pur et dur. Formé d’une constellation de micro-récits (une douzaine) qui ont le mérite de s’interpeller par les thèmes abordés, le texte de Michel Lamontagne se moque ouvertement de l’habitus de la croyance, lorsque celle-ci sort du seul cadre religieux afin de contaminer le quotidien. Et c’est un lieu commun, au sein de la croyance, que d’investir les peurs millénaristes et autres formes d’apocalypse commandées/prophétisées qui, toutes, annoncent la chute de la civilisation. Ainsi, dans « La Cathédrale », Lamontagne propose-t-il un récit en quatre parties qui revisite le dessein des Élohims chers aux Raëlliens de Claude Vorhillon.

Lamontagne inclut ici ces apocalypses plus modernes parmi ses « catastrophes », dont l’invasion extraterrestre et la société zombifiée se taillent une place honorable ; mais c’est pourtant le quadriptyque « Cauchemar nouvel âge » qui retient le plus mon attention. Ces quatre tableaux, qui revisitent, sous le couvert contemporain, l’éponyme retour au sacré nouveau genre ayant justement connu son heure de gloire dans les années 1980-1990, sont une critique rafraîchissante de ce qui n’est trop souvent qu’un charlatanisme moderne. À eux seuls, ils méritent amplement que l’on s’attarde à lire (et relire) « Conquêtes et autres catastrophes ». [MRG]

  • Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 113-115.