À propos de cette édition

Éditeur
L'Oxymore
Titre et numéro de la collection
Emblèmythique
Genre
Fantasy
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Il était une fée
Pagination
190-203
Lieu
Montpellier (France)
Année de parution
2000
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Confortablement installé près du foyer, Josh Tockens raconte à ses petits-enfants une histoire : il y a plusieurs siècles de cela, deux grandes cités, Turm et Corm, se livraient une guerre perpétuelle jusqu’à ce que le roi de Turm décide de faire appel à de puissants mercenaires pour en finir une bonne fois pour toutes. Le roi de Corm ordonne alors à son fils, un nigaud surnommé Cochon, de se rendre à Crystal, la ville fée, pour y demander de l’aide. Pendant le voyage, Cochon ne cesse de faire des bêtises. Par exemple, il s’éloigne de la voie principale qui traverse la forêt et est attaqué par une horde de loups à laquelle il échappe mais non pas son cheval. Plus tard, il rencontre les mercenaires chargés de mettre Corm à feu et à sang et, stupidement, leur indique le chemin pour s’y rendre. Il parvient enfin à Crystal et là, on ne trouve rien d’autre à lui donner qu’une vieille hache rouillée. Il retourne dans son royaume mais arrive trop tard : les mercenaires ont tout détruit.

Commentaires

Le début terriblement traditionnel, pour ne pas dire ringard, est peu convaincant. L’auteur s’adresse directement au lecteur avec ces premiers mots : « Posons le décor… ». Ce genre de procédé, dans un écrit récent en tout cas, embête davantage le lecteur qu’il ne l’appâte. Cela suffit pour lui ôter l’envie de poursuivre la lecture. Les pages qui suivent ne valent guère mieux alors qu’effectivement, l’auteur pose son décor qui consiste en une chaumière dans laquelle un grand-père fée de 400 ans s’apprête à narrer un conte à ses petits-enfants. On apprend par la même occasion que les fées ont bien sûr la télé et les jeux vidéo depuis bien plus longtemps que les humains. Alors là, on se dit que les poncifs, les anachronismes faciles seront au rendez-vous et que le fantôme de tante Lucille plane sur tout cela. Mais, Dieu merci, cela s’améliore.

Plus loin, on comprend que Lafrance, loin de manquer d’imagination comme on pouvait d’abord le craindre, a en fait des intentions satiriques qui s’affirment au cours de l’intrigue. D’abord, il y a la jeune femme qui met en doute le conte de son grand-père en présumant d’avance de son déroulement, ce en quoi elle exprime les craintes du lecteur. Heureusement, le vieil homme la détrompe et il entraîne petits-enfants et lecteurs dans des territoires inattendus. Tout se déglingue, le fils du roi est un crétin consommé que l’on surnomme Cochon ; son épée magique souffre de lâcheté et refuse de sortir de son fourreau ; quant à ses exploits, ils ne sont qu’une série de déboires qui mèneront à la destruction de son royaume et le conduiront à sa propre perte.

Le ton ironique de Lafrance ressemble à celui d’auteurs tels que Vance, Craig Shaw Gardner ou Dunsany, qui ont écrit des histoires auxquelles on pourrait accoler l’étiquette « Fantasy anti-héroïque ». Je pense particulièrement à « Chu-Buh et Shemish », la nouvelle de Dunsany. Comme ce dernier d’ailleurs, Lafrance dépasse la simple intention comique pour nous donner en matière de finale une petite morale qui tend à vouloir nous ramener, pauvres êtres humains que nous sommes, à des proportions plus réalistes et pragmatiques malgré la haute opinion que nous aimons à avoir de nous-mêmes. Cela donne à cette nouvelle, qui ne paraissait entretenir d’autre ambition que d’être cocasse, une petite coloration philosophique. [DJ]

  • Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 95-96.