À propos de cette édition

Éditeur
Édouard Garand
Genre
Hybride
Longueur
Recueil
Format
Livre
Pagination
76
Lieu
Montréal
Année de parution
1927

Résumé/Sommaire

[4 FA ; 1 FY ; 6 HG)
Tante Rose
Le Parrain de l’enfant
Brigolet
Le Petit Homme rouge
Le Diable et son violon
Patira
L’Araignée
Conte vrai
La Tuque percée
La Chèvre menteuse
Conclusion

Commentaires

Contes de tante Rose est un recueil de contes singulier, en partie autobiographique, car l’enfant Jean qui se remémore les veillées animées par sa tante Rose est nul autre qu’Adélard Lambert. On s’en rend bien compte en consultant sa biographie. Le livre se présente comme un recueil de souvenirs divisé en onze chapitres où alternent le quotidien du jeune garçon à Manchester (New Hampshire) et les contes de tante Rose liés les uns aux autres grâce à une trame narrative qui esquisse le contexte de leur énonciation.

Les contes s’adressant spécifiquement aux enfants qui constituent l’auditoire privilégié de tante Rose, on ne s’étonnera pas qu’ils soient porteurs d’une morale très religieuse. Comme l’explique l’auteur dans le premier chapitre qui expose le décor social de la petite communauté francophone de Manchester, il s’agit de « légendes de hautes moralités parlant de la fierté nationale, et qui souvent portaient à accepter la souffrance pour la Foi de son Dieu ». 

« Patira », récit d’un jeune enfant enlevé et torturé par un sorcier amérindien, est en un exemple probant. Ailleurs, les mises en garde contre les desseins du diable sont nombreuses. Celles-ci prennent parfois des tournures surprenantes. Ainsi, dans « Le Petit Homme rouge », le conte propose une tout autre explication au nombre important d’enfants que comptent les familles canadiennes-françaises. Dans ce récit, les habitants de Yamachiche font des enfants pour chasser l’esprit du mal, le diable, de leur territoire.

Autre trait particulier du recueil : le conteur est ici une conteuse, fait plutôt rare. Ce n’est pas anodin. Dans cette communauté fermée, entourée d’anglophones, c’est la femme qui assure la survivance de la langue française et de la culture orale. Alors que les hommes travaillent en usine et sont exposés à l’anglicisation, les femmes, confinées dans leur maison, représentent un rempart contre l’assimilation.

Prenant appui sur ce sous-texte qui affleure tout au long du recueil, Adélard Lambert y va de quelques réflexions qui dénotent son esprit conservateur. À propos des femmes : « […] je préférerais celles-là [les mères d’autrefois] à celles de nos jours, dont un grand nombre, ayant pris contact avec des femmes de nationalités étrangères, se sont plu à copier les toilettes tapageuses et les libertés qui n’auraient pas été tolérées chez les premières. » Nous sommes, je le rappelle, en 1927 quand Lambert publie son livre dont il se dégage une certaine nostalgie du passé.

Si Contes de tante Rose constitue un témoignage intéressant de la vie des Canadiens français en Nouvelle-Angleterre à travers la culture orale, l’écriture d’Adélard Lambert ne suscite malheureusement pas le même enthousiasme. Il y a beaucoup de phrases dont la construction est boiteuse, le temps des verbes varie de façon inexplicable dans une même phrase et les fautes d’orthographe abondent. On a l’impression par moments que l’auteur écrit au son (la « guigue » pour la « guigne »).

Sans aller jusqu’à dire qu’Adélard Lambert a produit une œuvre – il a publié quelques ouvrages, dont un roman –, il est l’un des rares conteurs révélés par Marius Barbeau à avoir pris la plume pour passer de l’orature à la littérature. Avec un succès mitigé, avouons-le, l’outil n’étant pas toujours à la hauteur du propos. [CJ]

Références

  • Pichette, Jean-Pierre, Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec II, p. 281-284.