À propos de cette édition

Éditeur
Les imaginoïdes
Genre
Science-fiction
Longueur
Novelette
Paru dans
Espaces imaginaires 4
Pagination
9-53
Lieu
Trois-Rivières
Année de parution
1986
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Un humain est kidnappé et emmené sur la planète Cserquî. Après cinq ans de captivité aux Équipes, Deften est transféré aux Enclos où un groupe tuteur tente de le familiariser avec les courants aériens qui parcourent cette région de la planète et constituent un moyen de déplacement rapide. Deften s’adapte mal à ce nouveau conditionnement. Il cherche à s’enfuir mais est repris et jeté en prison. Après avoir survécu aux pires tortures mentales, il est peu à peu réinséré dans la société de Cserquî grâce à la protection d’un médecin qui lui révèle les raisons de son enlèvement. Même s’il n’a pas répondu aux espoirs qu’on fondait sur lui pour faire avancer la connaissance des courants, Deften représente un acquis pour les Cserquî.

Commentaires

Encore une fois, Agnès Guitard livre un texte très puissant, un texte majeur de la SFQ. Sa lecture n’en est pas facile. Elle est même éprouvante en raison du climat oppressant, claustrophobique qui baigne le récit. Comme pour Deften auquel le lecteur ne peut que s’identifier, le dépaysement est brusque et total.

Après avoir exploré le lien vital et organique qui reliait l’Irgau à sa terre natale dans « Coineraine », l’auteure analyse ici les contraintes immenses auxquelles sont soumis les Cserquî en raison des courants capricieux qui sillonnent la planète. Il ne faudrait pas s’étonner qu’après la terre et l’air, l’eau soit le principal élément au cœur de la problématique du prochain récit de Guitard. Celle-ci est toujours aussi sensible à l’environnement physique auquel ses personnages doivent faire face et s’adapter s’ils veulent survivre. Voilà bien l’une des constantes de son œuvre jusqu’ici.

Et chaque fois, c’est la faculté d’adaptation de l’humain qui est valorisée et qui en fait un être supérieur à bien des égards. La force de Deften se trouve dans sa capacité de passer à travers les pires épreuves en se servant de celles-ci pour acquérir une maîtrise de soi et une certaine résignation sereine, ce que les Cserquî n’obtiennent qu’à l’aide de calmants. L’anthropocentrisme de l’auteure n’est cependant pas appuyé car elle sait reconnaître les qualités des autres espèces.

Le choc des cultures, thème corollaire, réserve au lecteur des pages saisissantes de même que la description hallucinante que fait l’auteure de la prison en forme de cube translucide. Toutefois, le séjour de Deften en cellule aurait gagné à être présenté un peu plus succinctement : l’intérêt fléchit, tant les déplacements de la cellule de verre à l’intérieur du cube deviennent fastidieux. Si l’auteure a voulu créer l’effet de répétition et d’ennui, elle a réussi.

« Contre-courant » confirme le talent remarquable d’Agnès Guitard dont la production est malheureusement rare : une nouvelle par année en moyenne. Mais si c’est le prix à payer pour lire une œuvre de première qualité, je suis prêt à l’accepter. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1986, Le Passeur, p. 76-77.

Prix et mentions

Prix Boréal 1988 (Meilleure nouvelle)