À propos de cette édition

Éditeur
La Presse
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
La Presse, vol. XV, n˚ 45
Pagination
23
Lieu
Montréal
Date de parution
24 décembre 1898

Résumé/Sommaire

Jos Violon raconte un voyage qu’il fit avec son cousin Coq Pomerleau alors qu’ils se rendaient en groupe dans les chantiers pour l’hiver. À Trois-Rivières, Coq Pomerleau s’était frotté à un gaillard qui l’avait menacé de tous les diables. Rendus sur la Gatineau, les deux compères avaient dû se séparer de leurs compagnons de route, car Pomerleau ne cessait de crier qu’il était ensorcelé. À leur réveil le lendemain, ils avaient remarqué qu’ils n’étaient plus du même côté de la rivière, puis que celle-ci coulait en remontant !

Commentaires

« Coq Pomerleau » fait partie du cycle des Contes de Jos Violon. Ce texte constitue un bel exemple du rôle des conteurs d’autrefois. Ils sont en quelque sorte les précurseurs des comédiens, le théâtre étant à peu près inexistant à cette époque, ce qui explique leur grande popularité dans les veillées. Le conte tient lieu ici de saynète.

« Coq Pomerleau » de Louis Fréchette relève le défi de la dramatisation en utilisant un style parlé très vivant. Ce texte permet aussi de saisir l’influence qu’a eue Louis Fréchette sur la culture québécoise au cours des années 1950 et 1960. La verve et la faconde de Jos Violon ne sont pas sans rappeler la verdeur du langage du Père Gédéon. De même, on peut présumer que Victor-Lévy Beaulieu a puisé chez Fréchette la déformation de Montréal en Morial qu’il utilise souvent dans ses romans. Beaulieu n’est pas sans connaître l’œuvre de Fréchette puisqu’il a réédité les Contes de Jos Violon il y a une vingtaine d’années.

Un autre sujet d’étonnement concerne les nombreux termes anglais passés dans la langue de l’époque : « Le Coq, qu’avait jamais, lui, travelé autrement qu’en berlot », « baissait la tête pour laisser passer la squall en prenant son petit coup ».

En définitive, « Coq Pomerleau » est une histoire de malédiction bénigne, qui ne porte pas à conséquence, sinon à faire travailler l’imagination des protagonistes. Le texte plaît surtout par la fraîcheur de la narration, par la vivacité de l’écriture et par la familiarité du propos. Il présente avant tout un portrait coloré de Coq Pomerleau qui ne déparerait pas la galerie de personnages qu’il a dépeints dans Originaux et Détraqués. [CJ]

  • Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 78.