À propos de cette édition

Éditeur
XYZ
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
XYZ 22
Pagination
64-67
Lieu
Montréal
Année de parution
1990
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Sur la scène, une femme enchaînée au sol, cuisses par-dessus tête, vulve béante. Béance. Dans la salle, des hommes, silencieux, fascinés. Entre une beauté rousse, nue, qui chante de façon surnaturelle. Cosmose. Jusqu’à ce qu’un homme crie qu’il n’en peut plus. Cosmose parle alors de la violence des hommes sur la planète. Et de ce que cette terre pourrait être si l’amour, si la douceur… Un homme décoré de médailles se lève fou furieux et, suivi des autres, enjambe la scène. Des couteaux apparaissent, des mitraillettes tirent au loin. Les hommes s’écroulent, Béance est piétinée et Cosmose… montre son filage détruit et un liquide jaune qui sourd lentement.

Commentaires

Étrange nouvelle. Tout d’abord cette mise en scène sordide, ces fantasmes exacerbés, et cette coupure très nette entre le monde des hommes et celui des femmes. Dès les premières lignes, le lecteur ou la lectrice est absorbé par une atmosphère malsaine d’où ne peuvent provenir que des images fortes, sinon réconfortantes. C’est d’ailleurs ce qui arrive : cette femme enchaînée sur scène au nom chargé de sens, cette androïde que dévoile la tuerie finale…

Si l’écriture est rigoureuse, j’ai peine à saisir l’ossature interne de ce court texte. À peine quelques éléments d’un monde nous sont proposés, ce qui est insuffisant pour bien comprendre l’impact des scènes esquissées. Si la représentation du fossé entre hommes et femmes est sans équivoque, que signifie le chant de Cosmose, et pourquoi les hommes se déchaînent-ils en entendant le mot amour-espoir, pourquoi les femmes tirent-elles sans discernement ?

J’ai l’impression que Cosmose est la mise en abyme des travers caricaturaux de chacun des deux sexes : la soumission honteuse de la femme – Béance – et l’agressivité totale de l’homme – le militaire. Dans cette perspective, Cosmose représenterait-elle, malgré et peut-être à cause de, le point oméga de la condition féminine, faisant contrepoids à cette représentation de la femme devenue homme – les femmes à mitraillettes qui tirent dans le tas ?

Évidemment, ce qui précède n’est que “ma” lecture de « Cosmose ». Et dans cette lecture, la chute en forme d’ouverture sur l’avenir brise l’ensemble en rabaissant les images-chocs au rang du sensationalisme ! Mais il y a d’autres lectures possibles à faire de ce texte. À vous de les essayer. [JPw]

  • Source : L'ASFFQ 1990, Le Passeur, p. 68.