À propos de cette édition

Langue
Français
Éditeur
imagine…
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
imagine… 39
Pagination
97-99
Lieu
Montréal
Année de parution
1987
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Une fillette modifiée génétiquement au moment de sa conception in vitro vit avec sa "mère" Rachel qui la cache dans son appartement. Elle ne veut pas que l’enfant vive dans un camp réservé aux bébés-éprouvette même si la gamine ne désire qu’une chose : de l’espace pour courir et utiliser ses jambes exceptionnelles.

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Fidèle à son habitude, Bertrand Bergeron nous livre un texte qui contient beaucoup de choses entre les lignes. « Courir » constitue un autre fragment de la vision du monde du futur qu’il articule autour d’une société voulant tout normaliser et tout contrôler. À cet égard, Rachel commet une infraction en gardant sa fillette avec elle mais en même temps, par sa position d’autorité, elle reproduit inconsciemment le modèle social ambiant. Elle décide pour l’enfant ce qui est valable ou pas.

L’auteur prend parti pour la petite fille en lui confiant la narration des faits et c’est bien que le jeune lecteur, à qui cette nouvelle s’adresse particulièrement, perçoive les choses ainsi. Bergeron épouse apparemment les théories des psychanalystes comme Françoise Dolto qui préconisent de tout dire à l’enfant, ce que la mère ne fait pas ici en ne lui expliquant pas le motif de ses décisions et de ses comportements.

Il est vrai que la fillette est peut-être trop jeune pour comprendre le danger que représente la société. Elle ne semble pas consciente de la réalité extérieure. D’ailleurs, si elle ne nous transmettait pas les réflexions de sa mère, on ne connaîtrait guère cette société. Mais cette faculté qu’elle a de retenir un peu trop facilement certaines expressions comme  trahit la présence de Bergeron derrière l’enfant.

Il est paradoxal, par ailleurs, de voir un auteur très moderne défendre des valeurs traditionnelles comme la cellule familiale qu’il adapte cependant au contexte social actuel. Dans « Courir » comme dans « La Vie de faubourg », la famille semble le dernier rempart contre l’établissement de la dystopie tranquille. Bergeron se montre très critique face à la cellule familiale éclatée. L’intimité entre la mère et la fille est interrompue quand l’homme – Marvin, l’amant de Rachel – se glisse dans le couple. La relation à trois semble même impossible.

De plus en plus, Bergeron simplifie et clarifie l’approche de son écriture sans renier sa volonté bien arrêtée de faire travailler le lecteur en ne lui dévoilant que le strict nécessaire. « Courir » en est un exemple éloquent et fort réussi. [RB]

  • Source : L'ASFFQ 1987, Le Passeur, p. 302-33.