À propos de cette édition

Éditeur
Les Compagnons à temps perdu
Genre
Science-fiction
Longueur
Novelette
Paru dans
Solaris 73
Pagination
6-13
Lieu
Hull
Année de parution
1987
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Pour extraire le minerai du riche sous-sol de Vénus, le Consortium, regroupement de compagnies minières, a fabriqué des machines de métal qui sont téléguidées par le cerveau de bagnards condamnés à la réclusion sur des stations orbitales autour de la planète. Leur corps est tenu en léthargie afin que leur esprit soit concentré exclusivement sur la tâche à accomplir. L’un de ces forçats, Louis, a la responsabilité d’un pinceur. Un jour, il est tiré d’une situation précaire par un autre pinceur – qui se révèle téléguidé par une femme – et il se prend d’amour pour elle. Avec son aide, il tente d’organiser un soulèvement afin de fuir ce bagne planétaire et de regagner son véritable corps.

Commentaires

Avec une économie déroutante, Bergeron livre au lecteur un aperçu probant d’une société dont l’intérêt, la technologie et la moralité semblent en équilibre précaire. Par le biais de ce qui demeure essentiellement un monologue intérieur livré par un des malheureux cyborgs "occupant" les "crabes" mécanisés du titre, Bergeron démontre encore une fois sa préoccupation pour la psychologie de ses personnages. Ayant mis en relation, dans « La Voix des étoiles », un écrivain (fictif) aux prises avec un personnage de sa propre fiction, Bergeron crée un personnage dont les états d’âme varient au fur et à mesure qu’il nie, rejette, accepte et assimile son nouvel environnement, sa nouvelle morphologie et leurs effets cumulatifs sur son comportement aussi bien que sur celui de ses pairs et de leurs gardes.

Au fait, ce texte rappelle certains éléments du cycle des Seigneurs de l’Instrumentalité de Cordwainer Smith. Dans un style tout aussi brillant que celui de son illustre précurseur, Bergeron démontre à son tour les terribles conséquences des transformations corporelles majeures subies par des êtres se consacrant – de gré ou de force – au service de l’humanité. Par ailleurs, son Vénus correspond à la colonie pénale de « La Planète Shayol » où les conscrits de l’Instrumentalité totalitaire, maintenus en quarantaine, se consolent et se disputent pour oublier d’atroces agonies dont toute la population galactique profite. Bien que la fiction des deux auteurs soit lyrique dans son expression, épique dans ses cadences, Bergeron parvient en plus à rendre l’essentielle humanité de ses personnages.

Bref, encore une fois, Alain Bergeron ajoute une œuvre de grand calibre au corpus de la SFQ. [DMcK]

  • Source : L'ASFFQ 1987, Le Passeur, p. 31-32.