À propos de cette édition

Éditeur
Paulines
Titre et numéro de la série
Arialde - 2
Titre et numéro de la collection
Jeunesse-pop - 66
Genre
Science-fiction
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
114
Lieu
Montréal
Année de parution
1989
Support
Papier

Résumé/Sommaire

La jeune Arialde Henke participe à la tournée qu’effectue la petite chanteuse Alexandrina, surnommée la Voix d’Or et aussi l’Enchanteresse, auprès des travail­leurs miniers de la planète Arkadie. En tant qu’ornitho­logue, Arialde doit veiller sur les oiseaux utilisés durant les spec­tacles et enfermés entre-temps dans une volière.

L’inspecteur Michel Corsan lui de­mande de venir le retrouver à la station Nelson où un crime vient d’être commis. La victime – l’ouvrière-mineure Lisbelle Chatereau – a été trouvée à l’intérieur d’une alcôve de sommeil, baignant dans son sang. Des traces sanglantes laissent croire qu’un oiseau l’aurait assassinée à coups de becs. Malgré les apparences, et même si elle découvre ultérieurement qu’un « arachne » mâle a disparu de la volière, Arialde ne parvient pas à se convaincre qu’un oiseau aurait pu tuer l’ouvrière. Elle décide de mener sa propre enquête dans la « maison volan­te » où elle réside avec les autres membres de l’équipe artistique.

Après le spectacle donné par Alexandrina, un deuxième assassinat survient. La victime, cette fois, est le petit Nicolas – le « garçon de compa­gnie » de Voix d’Or –, qui passait ses journées à fouiner partout. Les mêmes marques accompagnent son cadavre, vraisemblablement laissées par un arachne.

Arialde se rend à la station Nelson où elle surprend par hasard l’imprésario de Voix d’Or – Christian Du Vallon – en train d’échanger un paquet avec un autre homme. La filature qu’elle tente ensuite se termine par une embuscade dont elle se tirera toutefois grâce à l’intervention de quelques travailleurs.

N’ayant, en vérité, jamais été dupe quant au rôle joué par les arachnes au cours des assassinats, l’inspecteur Corsan livre à Arialde deux révé­lations importantes : l’homme qu’elle suivait appartient à un réseau de trafiquants, réseau que la Sécurité essaie de démanteler depuis longtemps ; Lisbelle Chatereau était une agente de police qui enquêtait sur un trafic de pierres précieuses. Corsan et Arialde conviennent de tendre un piège au trafiquant-assassin. S’agit-il de Christian Du Vallon ou de Hugo Segourdin, le « décoriste » 3D de l’Enchanteresse ?

Commentaires

Francine Pelletier vient d’écrire là un excellent roman. Comme c’est le troisième qu’elle publie dans la collection Jeunesse-Pop, il lui aura donc fallu en écrire deux – ce qui n’est pas beaucoup – avant de trouver une voie, et surtout une voix, qui convienne parfaitement à son projet d’écri­ture pour la jeunesse. Son premier livre était sympathique et évocateur grâce à ses décors, tandis que le deuxième montrait surtout qu’elle était tentée par la littérature policière. Le Crime de l’Enchanteresse réunit les qualités des deux livres, en allant plus loin encore.

Il s’agit, bien sûr, d’un polar, comme le titre l’annonce (Le Crime… !). Un polar dans la plus pure tradition des romans à énigmes, en ce qui concerne sa construction. Mais un polar SF quant à son contenu. L’univers de Francine Pelletier sert de réceptacle à l’histoire et en fournit les prin­cipaux éléments : la planète minière, les installations pour les travailleurs, les oiseaux extraterrestres, les projections tridimensionnelles, etc. Tout cela donne beaucoup de couleurs au roman. On retrouve aussi les personnages de Mort sur le Redan, Arialde Henke en tête et l’inspecteur Michel Corsan dont celle-ci est vaguement amoureuse. Les autres membres de la « famille » (Fédric, Ian, Marline, Oncle Wassi) ne sont qu’évoqués.

Côté écriture, Le Crime de l’Enchanteresse n’a plus les petits dé­fauts des deux premiers romans. En le lisant, on n’éprouve plus cette impression malheureuse que l’auteure a "retenu" sa plume. Le rythme des phrases est moins syncopé, plus souple et plus coulant.

Les références à Mort sur le Redan ainsi qu’à l’ensemble de l’univers SF de Francine Pelletier sont bien intégrées dans le récit, au lieu de prendre trop de place comme c’est le cas dans d’autres œuvres. Ici, l’in­trigue se tient par elle-même. Elle est dense et satisfaisante, conduite à vive allure, sans temps mort. Les diverses étapes du récit policier traditionnel sont suivies une à une, rondement. Crime, enquête de police, vraies et fausses pistes, enquête parallèle menée par l’héroïne, soupçons, second crime, découvertes, et enfin la grande finale au cours de laquelle une magistrale démonstration oblige les coupables à se démasquer.

Par ailleurs, Francine Pelletier a écarté cette espèce de sensiblerie qui affaiblissait son précédent roman. D’accord, l’amour "latent" d’Arialde Henke pour l’inspecteur Corsan agace un peu et semble inutile à la bonne marche du récit. Mais beaucoup d’adolescents et d’adolescentes ressentent ces émotions dans la vie réelle. Alors pourquoi ne pas les inclure dans l’histoire, en effet ?

De même, les personnages y sont mieux réussis, mieux "ramassés", que ceux de Mort sur le Redan. L’auteure leur a assigné leur place dans le récit uniquement selon le rôle qu’ils jouent dans la machination, ce qui empêche le fourmillement et la confusion du lecteur.

Comme presque toujours chez Francine Pelletier, les femmes assument les rôles positifs. Pendant que Michel Corsan s’échine à trouver la vérité, la petite Alexandrina, dix ans, a tout compris depuis longtemps, elle. Et c’est l’enquêteuse amateure, Arialde, qui revêtira finalement les habits d’Hercule Poirot à la place de Corsan. Les victimes sont un enfant (Nicolas) et une femme (Lisbelle), tandis que les escrocs sont tout naturellement de sexe masculin.

Le Crime de l’Enchanteresse est le meilleur roman de Francine Pelletier. Avec lui, cette écrivaine pour adultes nous prouve de façon claire qu’elle est – aussi – une auteure pour la jeunesse avec qui il faut sérieu­sement compter. [DC]

  • Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 154-156.

Références

  • Lamoureux, Michèle, Lurelu, vol. 13, n˚ 1, p. 14.
  • Le Brun, Claire, imagine… 51, p. 119-120.
  • Lewis, Philippe, Solaris 90, p. 44.
  • Pelletier, Claude J., Samizdat 18, p. 7.