À propos de cette édition

Éditeur
JCL
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Un lac, un fjord V
Pagination
55-62
Lieu
Chicoutimi
Année de parution
1998
Support
Fac-similé

Résumé/Sommaire

Trouvée en état de catatonie devant son écran d’ordinateur, Alexia existe en fait dans un autre monde où elle assiste en compagnie d’un double de son amoureux, William, à des scènes d’une grande beauté. Pendant ce temps, le véritable William pleure son amie, désespérant qu’elle émerge jamais de son coma. C’est pourtant ce que l’autre William encourage la jeune femme à faire. Quand elle s’éveille enfin, elle est devenue amnésique et ne reconnaît pas son copain.

Commentaires

L’intrigue est plutôt simpliste mais ce n’est pas une mauvaise histoire pour autant. Elle contient de beaux passages oniriques qui démontrent que Daniel Gervais a une solide imagination fantaisiste, sans compter le fait que le sujet de départ est d’actualité puisqu’il y a effectivement des gens qui se sont retrouvés à l’hôpital à la suite d’une overdose d’Internet.

Cependant, la conclusion jure avec le reste, ce qui donne l’impression que l’auteur s’est refusé la possibilité d’un happy end, peut-être par crainte de ne pas faire assez sérieux, le drame étant souvent considéré comme plus « littéraire » que la comédie. D’un autre côté, il faut peut-être interpréter ce surprenant changement de ton comme un commentaire ironique à propos de l’affirmation d’un des personnages, le William rêvé, qui prétend que ce sont les embûches qui permettent d’apprécier réellement la vie.

Mais comment le William réel pourrait-il réapprendre le bonheur avec Alexia qui ne se souvient même pas de lui ou des embûches en question ? C’est une situation sans issue dans laquelle les difficultés affrontées ne peuvent en rien aider les personnages à évoluer à moins que l’amnésie ne soit que temporaire, mais cela, l’auteur ne le précise pas.

« D’un monde à l’autre » serait donc une satire de cette philosophie populaire qui voudrait que ce sont les obstacles surmontés qui donnent de la valeur à l’existence et forment de meilleurs êtres humains. Gervais paraît dire au contraire que le rêve vaut mieux que la réalité. Bref, cette nouvelle, sans être tout à fait réussie, demeure quand même intéressante en ce qu’elle va à l’encontre d’une certaine manière de penser à la mode. [DJ]

  • Source : L'ASFFQ 1998, Alire, p. 88-89.