À propos de cette édition

Éditeur
Le Monde illustré
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Le Monde illustré, vol. XII, n˚ 588
Pagination
206
Lieu
Montréal
Date de parution
10 août 1895

Résumé/Sommaire

Par un soir d’automne de 1742, quelques jours après la mort de Warwick, dernier glas de la guerre des Deux Roses, sir Richard Preston, un Lancastrien, rentre au galop chez lui, poursuivi par un parti de Yorkistes. Prenant en croupe sa femme, lady Edith, et leur fils de quatre ans, le petit Arthur, il dirige sa monture vers un petit lac situé non loin de son castel.

Au terme d’une lutte désespérée, lady Edith tend son fils à un gentilhomme yorkiste qui paraît moins acharné que les autres, puis le cheval de sir Richard les précipite, elle et lui, dans les eaux du lac qui les engloutit rapidement.

Depuis, les fantômes de sir Richard et de son épouse apparaissent chaque année aux abords du lac. Lady Edith, que l’on surnomme la « Dame rouge », est visible sur une certaine pierre plate chaque fois qu’un malheur menace la famille Preston. Mais comme quiconque voit la Dame rouge meurt dans l’année, personne n’ose s’assurer de la véracité de cette légende.

Commentaires

Shakespeare a dépeint la guerre des Deux Roses dans deux de ses pièces (Henri VI et Richard III). Seulement, cette guerre civile s’est déroulée de 1455 à 1485 et la mort de Warwick eut lieu en… 1471 (le 14 avril). La similitude des dates (1742 et 1471) laisse croire à une coquille. Quoi qu’il en soit, ce détail n’a pas vraiment d’importance. L’essentiel de la légende rapportée ici vise à mettre en scène les circonstances dramatiques de la mort de lady Edith, cela afin de nous dépeindre cette fameuse Dame rouge. Ce court texte, qui est plus la description d’une scène précise (la mort de sir Richard Preston et de lady Edith) qu’une véritable histoire, enracine pour nous dans la réalité ce personnage qui deviendra un fantôme. Mais ce fantôme ne peut être vu que par des personnes qui aspirent à mourir dans l’année, ce qui réduit considérablement le cercle des témoins de ses apparitions. Ce qui fait que, d’un côté, nous avons la description quasi journalistique du suicide des deux époux et, de l’autre, la croyance des « bons paysans de l’endroit » en cette « femme de haute stature drapée dans un manteau rouge et dont une couronne de roses rouges ceint le front pâle ».

Comme dans le cas du « Naufrage de la “Blanche Nef” », mademoiselle Letendre n’ajoute la dimension fantomatique que comme une sorte d’allégorie de l’Histoire même. Dans ce récit, il est plus important de se souvenir de la mort tragique des deux époux que de réellement croire à la présence et au danger que représente le spectacle de la Dame rouge. [TV]

  • Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 129-130.