À propos de cette édition

Éditeur
PAJE
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Complicités
Pagination
115-123
Lieu
Montréal
Année de parution
1991
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Un homme revient vers son quartier natal vingt-deux ans après l’avoir quitté. C’est dans une brasserie fréquentée jadis qu’une femme énigmatique l’interpelle. L’égérie effraie le visiteur par ses avances particulières. Elle lui proposera un étrange contrat : tuer quiconque il souhaiterait voir disparaître. Le bougre prend peur et s’enfuit. Le lendemain, il retourne au même endroit. Il aperçoit l’étonnante hétaïre avec un type qu’il avait accidentellement bousculé la soirée précédente et qui lui avait cherché noise malgré les excuses. Une crise cardiaque terrasse aussitôt le client, le malotru a parlé !

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Commentaires

La nouvelle de Stanley Péan se divise en deux parties inégales (deux tiers – un tiers environ) jouant sur les deux soirées où se déroule l’essentiel du récit. Le débit de boissons évoqué, la mansarde près d’un cimetière où gîte la fausse ingénue, le motel où trouve refuge l’homme anonyme après l’offre singulière qui lui a été faite demeurent les lieux les plus importants de cette brève histoire. Celle-ci s’articule autour d’une cigarette – non consommée immédiatement – demandée par la mystérieuse inconnue qui semble lire ouvertement dans l’âme du survenant qui étale sa réussite économique devant ceux qu’il a rejetés deux décennies plus tôt. Le titre (au message fort connu) et quelques répliques de l’étrange courtisane cherchent à soutenir ce rapport clé, lequel sera finalisé au moment où l’homme aura son funeste malaise. La Marlboro quêtée sera alors écrasée.

Cette insistance manifeste de l’auteur sur cet élément explicite, la cigarette, ne convainc pas totalement. La relation mise en évidence reste quelque peu artificielle, sinon purement littéraire, composée. Mais elle est cohérente ! Grâce surtout à la narratrice omnisciente : la femme… fatale ! Le nouvelliste a le mérite de présenter ainsi à son public une variante intéressante sur la Faucheuse, décideuse intermédiaire de la Mort.

Invité de Jean-Pierre Girard parmi d’autres jeunes auteurs ayant déjà signé au moins une publication professionnelle, Stanley Péan a participé à ce que le mentor définit comme un « collectif de base d’un recueil sur le thème de la complicité » (p. 9). Il s’agissait d’intégrer en début de texte un passage tiré d’une nouvelle d’Anton Tchekhov – « Groseilles à maquereaux » – parue à la fin du XIXe siècle.

Péan choisira un large élément de la première phrase de l’extrait suggéré et le répétera vers la fin de sa fiction. Le dédoublement de la citation met en relief la suffisance fragile du personnage principal et il sert aussi de charnière pour faire basculer définitivement le récit dans le cadre fantastique qui s’imposait graduellement par la présence angoissante de la hure de la Mort. L’insistance de l’auteur sur le facteur « cigarette » – cette faux symbolique – rendait la chute prévisible. La mécanique textuelle semble trop bien construite et elle ne réserve pas de surprise finale, sauf peut-être pour la victime fictive. Il faut apprécier toutefois la discrétion avec laquelle la nature étrange de la femme se révèle ; le lecteur peut se creuser un peu les méninges pour découvrir son identité réelle.

L’exercice se complétait d’un second volet : les collaborateurs pouvaient inviter à leur tour une figure de la nouvelle relève à se faire connaître dans le même jeu littéraire. Complice à son tour, Caroline Chabot, directrice de L’Écrit primal, fut l’élue de Stanley Péan. On retrouve son texte dans le même recueil. [GHC]

  • Source : L'ASFFQ 1991, Le Passeur, p. 124-125.