À propos de cette édition

Éditeur
G. Vekeman
Genre
Fantastique
Longueur
Feuilleton
Paru dans
La Cloche du Dimanche, vol. I, n˚ 13
Pagination
3-4
Lieu
Montréal
Date de parution
13 janvier 1898

Résumé/Sommaire

Jean-Baptiste Forest a été fait prisonnier à Louisbourg, puis déporté. Sa femme et ses enfants, éplorés, sont demeurés à Port-Royal. La petite Georgine ne désespère cependant pas et croit le ciel capable de lui rendre son papa. Le soir du 24 décembre 1759, pendant une grande réception, l’enfant s’introduit dans le palais de l’infâme Lawrence, maître de l’Acadie, pour le supplier de lui rendre son père. Lawrence écoute sans broncher le touchant discours, puis somme la jeune fille de cesser de l’importuner. Elle se métamorphose alors en ange courroucé qui maudit Lawrence à tout jamais. Au même moment, le père entre enfin à la maison, épuisé, suivi d’une apparition qui porte la petite Georgine…

Commentaires

Voilà un texte typique de la manière Picard. Après une mise en situation globale décrivant les avanies et les scélératesses subies par les Acadiens après la chute de Louisbourg, l’auteur affine son regard. Cette fois-ci, il le tournera vers la famille esseulée de Jean-Baptiste Forest, dont il fera l’apologie de la remarquable piété de la plus jeune, Georgine.

Toujours excessif, Picard exalte jusqu’à la parodie les qualités de l’enfant et les met directement en opposition avec les horreurs commises par les Anglais, mais surtout avec « le marchand d’hommes, le cruel Lawrence », gouverneur de l’Acadie conquise. Ce sera bien sûr le ciel – par l’intermédiaire d’une foi inébranlable – qui permettra de réparer l’injustice faite au père et qui sévira contre le coupable de la séparation des familles. Qui plus est, cette punition se donnera directement dans l’antre du tigre, ultime affront à la puissance de l’Anglais.

Mieux équilibré que certains autres textes de Picard, « Dans l’antre du tigre » se lit sans déplaisir. La verve de l’auteur compense ses habituels emportements et l’imprécision qui laisse le lecteur perplexe dans un des moments forts du texte – Georgine se transforme-t-elle en ange de justice ou ce dernier apparaît-il devant elle ?

Quant à la fin, heureuse il va de soi, elle est tout à fait réussie grâce, entre autres, au départ en douce – et visuellement très bien rendu – de l’ange protecteur… [JPw]

  • Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 155-156.