À propos de cette édition

Éditeur
Trait d'union
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
La Machine à inventer l'histoire
Pagination
55-73
Lieu
Montréal
Année de parution
1999

Résumé/Sommaire

Ange Bernstein met au point une machine à rêver. Il capte les rêves de dormeurs – qu’il peut visualiser sur écran – puis les transfère sur CD-ROM. Il arrive même à créer des rêves synthétiques qu’il restitue dans le cerveau de dormeurs. L’invention connaît une grande popularité. Bernstein devient riche et puissant. Il s’associe à Disney et s’entoure d’avocats reconnus, car certains rêveurs exigent des redevances pour les images qu’ils ont confiées au scientifique. Bernstein envahit enfin le marché de l’érotisme, y flairant le profit. L’onirologue ne sait plus s’arrêter. Ne pourrait-il manipuler les consciences à l’échelle mondiale ?

Commentaires

Chaumely met en scène un savant fou et démoniaque, obsédé par le pouvoir et l’argent, rêvant de dominer le monde. L’auteur s’inspire d’une réalité du XXe siècle : l’exploitation du « prêt-à-rêver » à des fins purement mercantiles. Les produits créés pour répondre au besoin d’évasion génèrent aujourd’hui, il est vrai, des profits incommensurables. L’image fascine, mais elle façonne aussi. « De quoi rêver… » a le seul mérite de dénoncer le manque d’éthique du scientifique perverti par l’appât du gain, et de mettre en garde contre la manipulation de l’inconscient par un fou aux ambitions hitlériennes.

Le scénario ne présente toutefois rien de nouveau. Plusieurs auteurs de science-fiction ont exploré le domaine du rêve, soulevé des questionnements pertinents et approfondis sur l’équilibre psychologique de l’homme à qui on imposerait certaines images en période de sommeil (viol de l’inconscient), ou sur l’impact social de la mise en marché de rêves programmés. Chaumely n’arrive pas à pousser la réflexion très loin. Il s’en tient aux sentiers battus, aux clichés d’usage. Ainsi, le manque de nuance dans le traitement du sujet et du personnage, les préjugés qui transparaissent ici et là (à l’égard des groupes de gauche et des femmes, entre autres ; et puis il y a aussi le nom donné au scientifique autrichien : Bernstein…), tout cela finit par agacer.

Chaumely intercale des rêves à son histoire principale. Le procédé aurait pu être intéressant s’il avait été exploité avec finesse et intelligence. Le récit des rêves n’apporte en effet rien de plus au sujet, l’auteur s’en tenant à l’anecdote. Quant à la chute finale, elle a tout simplement été évacuée : « Comment finit cette histoire ? Finir ? Mais vous dormez ! Vous commencez tout juste à être dedans… » Désolée, « De quoi rêver… » n’a pas eu l’effet escompté sur moi. [RP]

  • Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 48-49.