Dernier Arbre (Le)

Jost est un solide bûcheron. Il aime son métier, où il excelle ; et il n’est pas une frondaison au monde qui n’ait pas goûté de son outil. Jusqu’à cette forêt, qui lui semble inconnue, avec ses immenses arbres. Il choisit le plus grand, le plus vieux des chênes comme victime à abattre. Il lève la hache ; mais alors que nul vent ne souffle, les feuilles frémissent. On retrouvera par la suite l’homme, décédé dans des circonstances inconnues, sa hache soudée au tronc du majestueux chêne.

Cette très courte nouvelle (1/2 page) semble inachevée – ou plutôt, les contraintes éditoriales ont forcé son arrêt prématuré. En effet, l’étroitesse de l’espace dont dispose le fanzine pour la publication de contenu inédit sied mal à cette nouvelle qui n’est réellement qu’un préambule, qu’une mise en contexte avant une chute brutale, en queue de poisson, sous forme d’un encart de fais divers paru dans le quotidien La Presse. C’est franchement dommage, puisque la mise en contexte était intéressante, et aurait mérité d’être bonifiée de quelques pages afin de véritablement mettre en place une atmosphère inquiétante et fantastique.
Même son de cloche du côté de la mystérieuse mort du protagoniste, qui ne se résume qu’à des points de suspension et au susdit détestable article de journal. D’un rythme d’abord lent, l’ensemble s’accélère brutalement puisqu’on sent que l’auteur devait manifestement écourter sa pensée, donnant lieu à une chute réductrice – voire à un cliché – qui laisse le lecteur sur son appétit. Or, les premiers paragraphes montraient des qualités d’écriture certaines, bien qu’étant l’œuvre d’un amateur ; ce qui me fait dire que cette nouvelle aurait dû être reprise et réécrite afin de rendre justice à ce qui est néanmoins une bonne idée de départ. [MRG]

• Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 324.