À propos de cette édition

Éditeur
Lidec
Titre et numéro de la série
Volpek
Titre et numéro de la collection
Lidec-Aventures - 5
Genre
Science-fiction
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
139
Lieu
Montréal
Année de parution
1966
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Volpek, « l’agent secret canadien », et son chef « le Ministre » sont inquiets : depuis huit mois il n’y a aucun signe d’activité de la part de l’O.U.R.S., l’Organisation Universelle de Révolution Socialiste. Cela ne peut signifier qu’une chose : toute l’organisation s’emploie à préparer une offensive d’envergure. De fait, une semaine plus tard, les attaques commencent contre des avions, des navires, des trains, une centrale nucléaire même, tous atteints par un rayon venu de l’espace, rayon qui dégrade les molécules des carburants et cause l’arrêt des moteurs.

Volpek, accompagné de son faire-valoir Boson, part vers la planète Saturne à bord de l’Orion V, une fusée biplace. Leur collègue Barbara, dont Boson est amoureux, voudrait bien les accompagner mais Volpek se montre inflexible. Les deux agents atteignent les anneaux saturniens, identifiés comme source des émissions. Sur une lune, ils repèrent effectivement les canons géants incriminés et la base souterraine où Vosk, chef de l’O.U.R.S., se terre avec ses sbires Vassili et Vanda. Tandis que Volpek et Boson disposent des charges explosives dans des conduits d’évacuation, les trois communistes sortent de leur repaire et s’emparent de l’Orion V. Pilotant un autre vaisseau, Barbara surgit à la dernière minute pour sauver ses amis, juste avant que ne détonnent les grenades atomiques.

Commentaires

Lorsqu’on veut souligner l’absence de direction littéraire, on dit qu’un manuscrit est passé directement de l’auteur à l’imprimeur. Ici, c’est littéralement le cas, car Lidec était au premier chef un imprimeur, avant de se tourner vers l’édition (de manuels scolaires surtout). Le Dernier Rayon a été écrit vite et mal, par un écrivain qui avait manifestement autre chose à faire que de la recherche pour un roman juvénile, ou même relire son propre manuscrit. Apparemment, nul directeur littéraire, nulle secrétaire à l’édition n’était là pour rattraper des bourdes telles « une indice », « un orbite », ou quatre répétitions du verbe « était » en deux lignes. Personne non plus pour relever que l’action se passe, dans les deux premiers chapitres, en 1977, puis en 1975 au chapitre 5 et dans les suivants. Ni que les ennuis techniques qui assaillent le premier avion victime du rayon se déroulent sur une cinquantaine de minutes en page 12 et 13, mais « en trente-cinq secondes » à la page 25.

Si Thériault avait consacré ne serait-ce qu’une heure à une recherche élémentaire, il aurait découvert que, Saturne se trouvant à au moins 68 minutes-lumière de la Terre (et parfois 84), il serait impossible à partir de Saturne de « viser » un avion dans l’atmosphère terrestre, si même l’on disposait d’un télescope assez puissant… Il aurait aussi évité de se tromper d’un facteur 40 dans la durée du voyage Terre-Saturne à la vitesse qu’il confère à son Orion V. Et, même au milieu des années soixante, le moindre manuel d’astronomie lui aurait appris que, si les fragments formant les anneaux saturniens sont effectivement de tailles diverses, « certains à peine plus gros qu’un ballon » ou un caillou, cela ne va pas jusqu’à « d’autres aussi gros que la Lune ».

Puis ne parlons pas des « courants magnétiques de l’espace » et des « fleuves spatiaux de météorites »…

La paresse du célèbre écrivain se manifeste par l’absence de relecture : en page 79, ses grenades magnétiques sont dites « capables de détruire l’équivalent d’un pâté de maison », mais en page 119 trois d’entre elles suffisent à « rompre en mille morceaux » une « petite planète » (une lune). Cette nonchalance se traduit aussi par la chute dans le « n’importe quoi » : pour Thériault, en 1975, « la lune ne recelait plus le moindre mystère » (p. 50) et il évoque « la multitude de satellites d’observation lancés en trente ans » – donc depuis 1945. Or, il écrit lui-même en 1965 et doit bien savoir que le premier satellite a été lancé en 1957 ! Et puis « Les propulseurs ioniques, force motrice des vaisseaux interplanétaires, ne dépassent qu’à peine la vitesse de la lumière, ce qui était encore insuffisant » (p. 34). Or, le tout nouvel Orion V, le seul vaisseau qui soit « équipé pour se rendre à la limite du système solaire et en revenir », atteint 200 000 « milles à l’heure » en pointe (0,03 % de la vitesse de la lumière)…

Certes, en se reportant quarante ans en arrière en tant que lecteur, on peut se contenter de sourire aux cartes perforées, aux repas de pilules pour les astronautes, aux « ordinateurs électroniques – Le mot ordinateur est la propriété de la compagnie I.B.M. », aux canons magnétiques, « système vastement supérieur » adopté entre autres par le Canada, la Yougoslavie et l’Égypte pour lancer des fusées en orbite. Mais il reste les dialogues aux limites du burlesque, il reste les finales de chapitre du genre « … cette expédition […] de laquelle dépendait inexorablement le sort du monde et celui de l’Univers même, si d’autres planètes étaient habitées. »

L’univers entier menacé par trois méchants bouffons communistes… [DS]

  • Source : La Décennie charnière (1960-1969), Alire, p. 187-189.