À propos de cette édition

Éditeur
De l'Agly
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Martobre 8
Pagination
28-33
Lieu
Saint-Paul-de-Fenouillet (France)
Année de parution
2000
Support
Fac-similé

Résumé/Sommaire

Du fond de sa cellule, le narrateur tente de s’expliquer comment il en est venu à tuer sa femme et son amant. Il demeure convaincu qu’il n’était pas maître de ses actes. Quand il découvre dans un recueil de Pierre-Luc Lafrance une nouvelle qui raconte son histoire, il n’a plus de doute : il est manipulé par un écrivain. Et comme la nouvelle se termine par le suicide du meurtrier…

Commentaires

Avec ce thème passablement éculé du protagoniste qui découvre qu’il est à la merci d’un écrivain, Pierre-Luc Lafrance se paie un fantasme de jeune auteur qui vient de s’apercevoir qu’il a droit de vie ou de mort sur ses personnages et qui se prend véritablement pour Dieu. D’ailleurs, quand le narrateur désigne celui qui le manipule, il utilise toujours pour ce faire une capitale (Il). Comme l’écrivain qui tire les ficelles se nomme Pierre-Luc Lafrance, on peut y voir une entreprise assumée – mais non dénuée d’autodérision – d’« autosacralisation », une forme à peine dévoyée de l’autofiction qui envahit la littérature québécoise depuis quelques années.

Comme lecteur, je ne réussis pas à croire aux prétentions du narrateur qui se dit possédé – donc irresponsable de ses actes –, invitant ainsi à une lecture fantastique de la nouvelle. Peut-être est-ce parce qu’il insiste trop sur la sensation d’être constamment surveillé (par les lecteurs qui lisent son histoire) ? Et pourquoi ceux-ci se désintéresseraient-ils de son sort après le double meurtre comme le prétend le narrateur ? Le récit n’est pourtant pas terminé. Peut-être est-ce à cause du manque de métier de Lafrance ? Le problème vient peut-être aussi du manque de crédibilité du narrateur dont on remet en cause l’état mental. Il affirme à la fin : « je n’ai jamais voulu me tuer… ». Il avait pourtant confié plus tôt, un peu avant de commettre son méfait : « si j’avais eu le contrôle de mon corps, je crois que je me serais fait sauter le caisson. » Ces propos contradictoires nous amènent à nous questionner sur la santé mentale du narrateur et ajoutent du poids à une lecture réaliste de la nouvelle.

« Dernière Lettre d’un suicidé » est un beau cas de classification générique mais au-delà de la discussion théorique qu’elle peut alimenter, cette nouvelle suscite assez peu d’intérêt en soi. Le thème est convenu, certes, mais l’écriture sans relief de Lafrance est davantage en cause. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 96.