Dernière Phase

Aline, sous l’effet du « non-stop », échange quelques paroles avec l’enfant qui se trouve près de sa console de travail. Il lui pose des questions embarrassantes, du genre « Pourquoi t’as pas d’enfants ? » mais le travail accapare la travailleuse…

Court texte, « Dernière Phase » se veut la narration d’une expérience troublante qui semble démontrer que la drogue appelée non-stop et qui, comme son nom l’indique, permet à un travailleur de décupler sa produc­tion, que cette drogue donc a des effets insoupçonnés par la société qui en permet l’utilisation.

Grâce à une habile focalisation du sujet – exergue qui fait le point sur la perception du non-stop parmi la classe dirigeante – et, vers le milieu de la nouvelle, à une mise en perspective rapide de la condition du personnage principal, Francine Pelletier arrive en quelques lignes à non seulement recréer tout un univers mais aussi à mettre en relief quelques questions cruciales : la possibilité d’enfanter ou non pour la femme au travail, le choix qu’elle a à faire entre carrière ou progéniture.

Le ressort dramatique employé ici va droit au but et c’est l’enfant lui-même qui, de sa non-existence, vient poser l’ultime question à cette mère qui a décidé de ne pas l’avoir : regrettes-tu de ne pas m’avoir enfanté ?

Francine Pelletier démontre ici l’effarante force de la littérature de science-fiction en ce qu’elle peut faire ressortir directement et de façon percutante et originale le cœur d’un problème ou, dans ce cas-ci, d’un questionnement ou d’un choix de société, et ce grâce aux possibilités infinies des mises en situation qu’elle offre.

« Dernière Phase » : un texte lucide, qui fera réfléchir celle ou celui qui le lira, un des rares textes vraiment satisfaisants du spécial Au-delà du réel de la revue Arcade. [JPw]

• Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 156.