À propos de cette édition

Éditeur
Plein chant
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Plein Chant 37/38
Pagination
128-138
Lieu
Bordeaux
Année de parution
1987

Résumé/Sommaire

Le narrateur, suite à la lecture d’une nouvelle de Giovanno Papini où un personnage retourne sur les lieux de sa jeunesse et y rencontre son moi plus jeune, décide de reprendre à son compte ce retour aux sources et de se rendre à Shawinigan, théâtre de son enfance et de son adolescence.

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Commentaires

Sans contredit l’une des plus belles nouvelles de l’auteur à ce jour. Texte portant sur une certaine nostalgie, celle de notre passé enfui, envolé, « Deux images dans une vasque » propose plusieurs lectures de ce sentiment qui, un jour ou l’autre, a envahi le cœur de n’importe quel être vieillissant.

Mais partir à la recherche de ce que nous fûmes, un jour, dans une autre ville, à une autre époque, n’est pas chose facile. Les villes, tout comme les temps, changent. Un tel projet implique une redéfinition du présent et si le personnage principal, dans son travail d’archéologue du soi, dégagera parfaitement certaines racines profondes, ce ne sera que pour mieux comprendre l’arbre complexe qu’il est devenu. Et qu’il deviendra, car l’auteur, par une merveilleuse inversion des points de vue, élève à un niveau supérieur la comparaison, et ce, comme à son habitude, dans les dernières lignes du texte.

Le procédé, ici, nous amène à faire deux constatations : d’une part, tout le texte verse ainsi dans ce qu’il est convenu d’appeler le fantastique et, d’autre part, il oblige le lecteur, face à ce phénomène ultime, à reconsidérer l’entière lecture qu’il vient tout juste de terminer. N’est plus un texte de nostalgie cette nouvelle, aux accents douloureux mais toujours sereins, mais bien un texte prémonitoire, dur et angoissant. L’un des plus beaux retournements littéraires – à ne pas confondre avec ce qu’il est convenu d’appeler le punch final – qu’il m’ait été donné de lire depuis longtemps, faut-il l’avouer.

Pourtant, outre sa richesse intrinsèque, « Deux images dans une vasque » attire l’attention par un deuxième projet qui est lié à sa naissance même, c’est-à-dire, comme le personnage de l’auteur l’indique, de revivre, de réécrire le texte de Papini intitulé « Deux images dans une conque ». Cette volonté se traduit par une fidélité à la manière de Papini. Le style devient coulant, merveilleusement suranné, plein de ces circonvolutions et ronds de jambe stylistiques, comme le fait justement remarquer Pellerin au début de sa nouvelle. Qui plus est, Papini – ou son texte, c’est selon – nous suivra tout au long de notre lecture, tant par le retour continuel du personnage à la philosophie de cet autre personnage, celui-là italien, que par l’inclusion de certains passages de ladite nouvelle.

On s’en rend compte, on assiste, parallèlement au déroulement de ce voyage vers un passé enfoui dans une petite ville de la Mauricie, à une double analyse : celle d’un texte ancien, l’analyse se voulant alors littéraire, et celle d’une certaine conceptualisation de la vie, et là elle devient sociologique.

En définitive, une nouvelle d’une richesse rare de la part d’un écrivain qui nous réconcilie avec une certaine conception de la nouvelle fantastique. [JPw]

  • Source : L'ASFFQ 1987, Le Passeur, p. 130-131.