À propos de cette édition

Éditeur
La Ruche littéraire et politique
Genre
Fantastique
Longueur
Feuilleton
Paru dans
La Ruche littéraire et politique, mars 1854
Pagination
182-185
Lieu
Montréal
Année de parution
1854

Résumé/Sommaire

Un éditeur, obligé à demeurer enfermé chez lui par une belle journée d’hiver, reçoit la visite d’un individu « bizarrement accoutré, se soutenant sur des béquilles, et le visage enfoui sous un cache-nez plus noir que la suie ». L’être clame brusquement un « Voilà ! publie ! » et disparaît comme par enchantement, laissant derrière lui une forte odeur de soufre.

Sur sa table, l’éditeur trouve alors un gros cahier de feuilles d’amiante intitulé le Diable à Montréal. À la suite d’un préambule qui raconte que le Diable revêt maintenant (c’est-à-dire au milieu du XIXe siècle) des formes modernes, l’auteur décrit sa rencontre avec le diable Asmodée, qui l’emmène sur une des tours de l’église Notre-Dame afin d’observer, à l’aide d’un télescope et d’un cornet auditif diaboliques, les gens qui déambulent au-dessous d’eux.

Commentaires

Cette formidable mise en place aurait pu servir à tracer un portrait cynique, touchant ou amusant de la société montréalaise du milieu du XIXe siècle. J’aime bien cette idée, très simple, qui consiste à entraîner le personnage principal au sommet de l’église Notre-Dame et à lui dépeindre les travers de ses semblables, présentés par un diable. Pour une raison que nous avons bien peu de chances de connaître un jour, X.Y.Z. s’est interrompu au terme du deuxième épisode, peut-être tout simplement à court d’inspiration…

On reste sur sa faim en se demandant où aurait pu nous mener le portrait du premier personnage observé, Rose, une jeune femme en train de se mourir d’amour. Ou encore en se questionnant sur les raisons qui font que l’auteur paraît brusquement terrifié en remarquant quelque chose à l’aide du télescope diabolique.

Cette terreur constitue la chute du deuxième épisode et il est évident que l’auteur de ce récit rédigé au fil de la plume ne savait pas vraiment où il s’en allait. X.Y.Z. utilise la mise en abyme de manière presque abusive et s’amuse en plus à en rajouter : au premier plan, l’éditeur raconte non seulement comment il a reçu le cahier d’amiante mais aussi chacune des circonstances dans lesquelles il en lit des extraits ; au deuxième, l’auteur du cahier raconte ses aventures à l’aide de dialogues plutôt que sous la forme d’un récit subjectif et, au troisième, Asmodée, en racontant à cet auteur l’histoire de Rose, se permet même de rejouer à son profit une conversation in extenso que celle-ci eut avec l’homme dont elle est amoureuse.

Maladresse ou jeu littéraire ? Il est difficile de tirer une conclusion sur « Le Diable à Montréal ». L’œuvre, même improvisée, aurait pu donner quelque chose de génial. Que nous en reste-t-il, aujourd’hui ? Presque rien. Ou peut-être un bon canevas à réutiliser. Avis aux amateurs… [TV]

  • Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 208-209.