À propos de cette édition

Éditeur
Le Bulletin des agriculteurs
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Le Bulletin des agriculteurs, juin
Pagination
36-38 ; 69
Lieu
Montréal
Année de parution
1966

Résumé/Sommaire

Après avoir constaté le décès d’une femme, un jeune médecin s’apprête à regagner à pied sa maison dans le village voisin. Comme il fait nuit, le mari de la défunte l’invite à coucher chez lui. Le jeune homme refuse poliment. Sur la route, il rencontre une diligence et monte à son bord, croyant qu’il s’agit de celle de son ami postier Barkley. Il remarque bientôt l’absence de cocher et de chevaux et reconnaît la voiture de Tom, l’ancien postier mort il y a six ans dans un accident. Le jeune médecin saute en bas de la diligence et s’évanouit.

Commentaires

Cette nouvelle comporte deux récits qui n’entretiennent aucun lien organique entre eux. Seule la figure du vieux Sadber sert d’interface entre ces deux parties. Il semble que l’auteur ait voulu présenter deux attitudes différentes face à la mort qui rôde. La femme de Sadber n’avait pas peur de la Grande Faucheuse. Le vieillard les entendait « rire toutes les deux et cavaler autour de la maison ».

L’autre victime, Tom le postier, n’aimait pas la mort. On ne connaît pas les raisons de sa détestation ni les circonstances de son décès. A-t-il provoqué la mort plutôt que de ruser avec elle comme le faisait la femme du vieux Sadber ? Tout ce que l’on sait, c’est qu’il a péri dans l’accident de sa diligence dans des circonstances mystérieuses et qu’on n’a jamais retrouvé son corps. Le récit aurait pu être plus explicite à cet égard.

En évoquant la mort sans la montrer ou la représenter plutôt qu’en mettant en scène une figure fantastique plus traditionnelle comme le loup-garou ou un revenant, Jacques Coulon fait preuve d’un certain modernisme littéraire. Mais il n’assume pas jusqu’au bout la liberté qu’il prend avec la tradition puisqu’il ne résiste pas à la tentation de situer son récit à une époque révolue, avant l’apparition de l’automobile. La véritable audace se situait là.

Comme l’a fait plus tard Michel Bélil dans ses contes terre-neuviens (Le Mangeur de livres), Jacques Coulon mise sur la description exotique du paysage de Terre-Neuve pour établir l’atmosphère fantastique du récit. L’écriture manque cependant de maîtrise, l’auteur n’utilisant pas toujours le terme juste. Par exemple, il emploie indistinctement « diligence » et « carriole » alors qu’il ne s’agit pas du même type de voitures.

Pour toutes ces raisons – construction bipartite peu intégrée, fausse audace de l’imaginaire et écriture correcte sans plus –, « La Diligence » donne l’impression d’un texte assis… entre deux sièges ! [CJ]

  • Source : La Décennie charnière (1960-1969), Alire, p. 57-58.