À propos de cette édition

Éditeur
imagine…
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
imagine… 45
Pagination
35-46
Lieu
Montréal
Année de parution
1988
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Après la Grande Grève, les villes, ayant acquis leur complète autonomie, ont établi leurs propres structures sociales. Les éboueurs regroupés composent l’Élite et forment le sommet hiérarchique de la société. Marthe, Élitaire, bénéficie des avantages de sa caste. Un contrat d’un an l’unit à Dan, son concubin formé à l’École de Sédentaires. Mais Marthe hésite à le renouveler depuis qu’elle a rencontré Isabelle, une Sédentaire répudiée par son Pourvoyeur. Dan tue Marthe, convaincu par son amant François de la justesse de son geste. Victime d’une machination, il mourra à son tour.

Commentaires

Guy Bouchard, sous la dimension amoureuse, dénonce une société dont les structures relèvent de l’anti-utopie. L’épuration des mœurs, l’égalité des droits, la liberté sexuelle débouchent sur un pouvoir totalitaire. Avec une logique implacable, l’auteur dresse une caricature de notre environ­nement sociopolitique sous une fiction grotesque.

La caste des éboueurs contrôle la population par le biais de la publicité qui vante leur lutte contre la pollution et les détritus. Ils assurent la permanence de leur pouvoir en valorisant leur rôle purificateur. Le discours ironique qui sous-tend ce récit se veut une charge contre les doctrines officielles qui présentent toutes une faille. Malgré l’aseptisation de l’existence, le pouvoir ne peut canaliser la pensée et le besoin de confrontations.

Guy Bouchard, dans sa nouvelle, joue avec les codes narratifs de la science-fiction et du récit d’aventures. Ce procédé, étayé par un humour grinçant, allège le propos polémique. Les jeux de mots (« une pastille de pousse-repas »), l’attitude burlesque des personnages et la permutation des stéréotypes donnent de la saveur au discours. Ce savant dosage de fiction et de réflexion sociale et philosophique authentifie « la marque d’un penseur qui ne craint pas d’exhiber les paradoxes de la pensée (utopique, féministe, politique…) et d’un conteur qui s’amuse dans le labyrinthe de son intrigue » (Michel LORD, La Science et la fiction, Lettres québécoises 53, p. 31. [DP]

  • Source : L'ASFFQ 1988, Le Passeur, p. 39-40.