À propos de cette édition

Éditeur
Librairie Beauchemin
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
L'Almanach du peuple
Pagination
190-194
Lieu
Montréal
Année de parution
1908

Résumé/Sommaire

Jules DesRuisseaux avait la réputation dans sa jeunesse d’être un fameux organisateur de charivaris. Avec ses compagnons, il aimait en effet mener un tapage infernal sous la fenêtre d’un vieillard qui venait d’épouser une jeune fille ou d’une veuve trop tôt remariée. Malgré les avertissements de l’évêque, DesRuisseaux continuait à s’amuser aux dépens de ses victimes. Un soir, alors que lui et sa troupe sont en route pour un nouveau charivari, il se met à compter ses hommes. Treize ! Qui est le traître qui s’est glissé parmi eux ? C’est le diable ! Saisie de panique, la troupe se disperse. DesRuisseaux n’a plus jamais participé à un charivari.

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Commentaires

Le texte de DeCelles démarre lentement. Au début, l’auteur compare les mérites respectifs du « bon vieux temps » et du temps présent et semble mettre en doute les croyances populaires telles que les feux follets et les loups-garous. Cette entrée en matière prépare l’histoire du père DesRuisseaux rapportant des événements s’étant déroulés il y a une cinquantaine d’années. Pourtant, l’auteur ne cherche pas à contredire le conteur même si ce serait facile de le faire. Ce treizième homme qui se glisse dans le groupe, ce pourrait bien être un plaisantin.

 Comme DeCelles ne met pas en doute la présence du diable, il faut reconnaître que « Douze ou treize ? » est un conte fantastique. C’est pourquoi aussi le conte de Louis Fréchette, « Le Diable des forges », ne l’est pas. À partir d’un argument semblable (le narrateur compte tantôt dix-sept hommes, tantôt dix-huit), Fréchette désamorçait le potentiel fantastique de son conte en trouvant une explication logique.

Cela dit, le conte de DeCelles ne fournit aucune indication sur l’aspect du diable, de sorte qu’il a peu d’intérêt pour l’étude de la constitution ou de l’évolution du genre fantastique. « Douze ou treize ? » est donc un texte mineur qui témoigne néanmoins du conformisme des mœurs sociales de l’époque : le deuil qu’il faut respecter, le désir charnel qu’il ne faut pas afficher publiquement.

La conclusion est en effet propice à la diffusion d’un message moral : « Ce qu’il y a de plus curieux dans cette pitoyable histoire, c’est que la crainte du diable a produit plus d’effet que les conseils et les menaces du bon évêque. » Puisque tout est sujet à interprétation religieuse, je ne serais pas surpris que le conteur, qui cherche à se donner de l’importance, ait choisi le chiffre douze en  rapport avec les douze apôtres. Quand il compte treize hommes, il pense tout de suite qu’il y a un traître dans le groupe. Or, à la dernière Cène, ils étaient treize à table avec Judas. [CJ]