À propos de cette édition

Éditeur
Ailleurs
Genre
Science-fiction
Longueur
Feuilleton
Paru dans
Ailleurs 2
Pagination
5-23
Lieu
Québec
Année de parution
2000
Support
Papier

Résumé/Sommaire

L’île est entièrement couverte de sable, à l’exception d’une colline au sommet de laquelle se trouve une tour en pierres encore intacte. À la nuit tombée, O’Connel monte sur la tour et aperçoit un jet de lumière à proximité d’une ancienne aire de spectacle. Sur place, il découvre une porte au-delà de laquelle se cache une forme de cabaret-bar-bordel fréquenté par les hommes des villages avoisinants. Il est alors confronté à ses anciens démons auxquels il tente de résister tant bien que mal. Perle Marsfield, la propriétaire du cabaret, essaie de le séduire mais il faut d’abord payer les dix dollars de la chambre et O’Connel n’a plus d’argent. Il raconte alors à Perle qu’il est venu là pour administrer les derniers sacrements à un homme qui lui a promis de l’argent. Surprise, la tenancière annonce au prêtre qu’elle a un paquet pour lui mais que la chose peut attendre : après tout, il doit régler le coût de la chambre, d’une manière ou d’une autre.

Commentaires

Le premier problème de cette histoire est qu’elle tente de jouer sur plusieurs tableaux sans jamais arriver à ses fins. Le prêtre en proie à son passé, le contexte postnucléaire à saveur western, la quête du mourant et de l’argent promis, le bordel caché dans l’île, tous ces ingrédients n’arrivent pas à s’intégrer de manière à dessiner une trame fluide et crédible. Le texte souffre également de certaines longueurs où l’information livrée au lecteur est sans surprise ou alors déconnectée de l’ambiance générale. Par exemple, la scène où le pêcheur et le prêtre se mutilent à la lame brûlante est non seulement longue mais elle n’est nullement justifiée et paraît plaquée. Fallait-il vraiment en arriver là pour obtenir l’usage de la barque ?

Dans l’ensemble, l’auteur démontre du talent pour dépeindre ses personnages et, dans le cas d’O’Connel, la dimension psychologique de son conflit intérieur. Le prêtre était un homme dur et il l’est resté en se tournant vers la foi. Mais dans ce cas, pourquoi en faire un joyeux luron dans la dernière scène, quand il offre de laver la vaisselle pour payer la chambre tandis que Perle est à califourchon sur lui ?

Mais le plus agaçant vient sans doute des problèmes de vraisemblance qui ponctuent le texte. Dans ce monde désertique, le boucher ne semble pas manquer de viande ni de fèves et le sac d’une cliente regorgeant de poissons frais pêchés dans le fleuve ne cadre pas très bien avec les mutations observées. De même, l’île couverte de sable qui se meuble un peu plus loin de ruines comme par magie laisse entendre que l’auteur ne s’est pas bien relu. C’est également cette impression qui se dégage parfois à la lecture de certains passages où un vocabulaire approximatif ou non approprié donne lieu à des expressions curieuses et à des figures de style qui font sourciller.

La fin de la quête n’apporte pas non plus beaucoup de satisfaction au lecteur. Elle laisse entendre que le prêtre a peut-être été berné et que l’auteur de la lettre n’était autre que cette dame Marsfield. Mais, dans ce cas, quel est ce paquet qu’elle veut lui remettre ? Et si ce n’est pas elle, qui est donc ce « M » ? L’histoire ne le dit pas.

Aucun lecteur n’a accès aux informations avec lesquelles l’auteur jongle dans sa tête. Les choses doivent être dites, d’une manière ou d’une autre. « Eastern » aurait sans doute mérité d’être mieux ficelé et plus développé sur le plan des idées. Il s’agit ici d’une longue nouvelle sans surprise qui souffre de faiblesses d’écriture passablement irritantes pour le lecteur. Sans oublier la dernière phrase incomplète dans l’édition que j’avais en main : « Il l’embrassa tendrement tandis que le dernier lampion, ainsi que l’ardeur des clients dans les chambres environnantes » (s’éteignait ?). Y a-t-il un lecteur d’épreuves dans la salle ? [JD]

  • Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 47-48.