À propos de cette édition

Éditeur
Stop
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Stop 133
Pagination
123-136
Lieu
Montréal
Année de parution
1993
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Un soir d’automne, un homme qui dit être né « d’un météore, il y a sept cents ans », s’installe en face de l’église d’un petit village pour y divertir les badauds. Le narrateur, Pierre, et ses vieux parents se joignent à l’attroupement et écoutent Edmond l’encyclopédiste raconter son histoire, au son de l’accordéon. Il répond sans coup férir à toutes les questions de son auditoire. La mère du narrateur invite l’homme à souper et, petit à petit, Pierre constate la ressemblance troublante entre le saltimbanque et son frère aîné Fabien, mort noyé il y a plusieurs années.

Autres parutions

Commentaires

La fin de la nouvelle de Sylvain Trudel ne dissipe pas le doute sur l’identité d’Edmond mais le récit relève du fantastique en raison de la personnalité de cet étranger qui n’est pas sans rappeler la figure du survenant dans les lettres québécoises. À sa façon, Edmond est un dieu des grands chemins et il fait honneur à son surnom car il est véritablement le dépositaire de la mémoire de l’humanité. C’est en cela qu’il est un personnage fabuleux, une encyclopédie vivante des connaissances humaines. On le comprend quand le narrateur et ses parents – mais surtout la mère – reconnaissent en Edmond le visage de Fabien.

Le ton de la nouvelle est à la nostalgie et à la compassion. On sent toute l’empathie de l’auteur pour les personnes âgées, pour les gens qui sont seuls. L’atmosphère du récit nous transporte dans une époque indéterminée, en retrait de la fébrilité de la vie urbaine et de la course effrénée du temps.

L’univers privilégié de Sylvain Trudel est celui de l’enfance où il trouve son inspiration. L’auteur fuit le côté « branché » auquel sacrifie la majorité de ses pairs, tournant le dos aux modes littéraires et refusant de servir de porte-parole de sa génération. En un mot – et l’expression n’a rien d’un cliché ici –, lire Sylvain Trudel fait du bien à l’âme.

Son style n’est sûrement pas étranger à ce bien-être que sa prose nous procure. Quel plaisir d’apprécier chez l’auteur sa maîtrise de la langue française ! Il sait trouver le mot évocateur sans contraindre le sens. Il excelle aussi dans les notations subtiles : « […] la queue de castor avait un goût nouveau : l’arôme acidulé du citron l’emportait sur la douceur du sucre, comme si je devinais soudain que cette pâtisserie avait été parfumée avec les larmes des miséreux. »

À elle seule, cette citation témoigne de la prose élégante et raffinée de Sylvain Trudel et de sa sensibilité, de son empathie pour le genre humain. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 188-189.