À propos de cette édition

Éditeur
Solaris
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Solaris 73
Pagination
22-26
Lieu
Hull
Année de parution
1987
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Un croiseur de la station Hémix-Delta repère un petit vaisseau étranger largué par un plus gros transporteur. Après une inspection de routine, l’équipe laisse à bord une traductrice munie d’un enregistreur afin d’interroger le seul occupant, originaire de Cristobal, l’une des colonies les plus éloignées de la Terre. Tonia se laisse convaincre de lui faire confiance et accepte de le suivre sur sa planète.

Commentaires

La difficulté de communiquer entre peuples différents constitue le thème principal de la nouvelle de Francine Pelletier. Pour illustrer son propos, elle transpose au niveau des sociétés les relations humaines de deux représentants types, deux linguistes qui empruntent une langue commune autre que la leur pour parler. Conséquemment, le texte est centré presque exclusivement sur le langage, d’où la présence de très nombreux dialogues.

Paradoxalement toutefois, les échanges verbaux apparaissent d’une importance toute relative comme si le signifiant se trouvait entre les mots. À la limite, les deux protagonistes se comprennent mieux par le regard et les attitudes que par les mots. La parole a comme unique fonction d’établir un climat de confiance ; elle n’est pas porteuse d’informations. Cette prolixité verbale déteint sur la forme de la nouvelle qui accuse des longueurs.

Le personnage féminin d’« En bout de ligne » est très représentatif des héroïnes de Francine Pelletier. Tonia est très circonspecte face à l’étranger. Son attitude teintée de prudence excessive et de méfiance non fondée, agaçante par moments, la situe à l’extrême opposé de Martin, d’un naturel ouvert. Cette caractérisation marquée ne favorise pas la crédibilité de la nouvelle.

Par ailleurs, l’auteure développe trop sommairement deux types de sociétés, celle de Cristobal, équilibrée et évoluée, et celle de Hémix-Delta, repliée sur elle-même et hiérarchisée. De même, on ne voit pas en quoi les quelques informations transmises sur la civilisation terrienne sont utiles. Il manque au lecteur un background qui se trouverait peut-être dans une œuvre plus vaste dont serait extraite cette nouvelle car elle n’appartient pas à l’univers que Francine Pelletier a développé dans ses textes antérieurs.

« En bout de ligne » traduit aussi, au-delà des rapports difficiles qui s’établissent entre les individus, un manque d’assurance de la part du personnage féminin qui n’a pas encore réglé le problème du rapport à la mère, sous-jacent ici et représenté par la présence sécurisante de la station fortifiée de Hémix-Delta. Tonia vit, dans sa quête d’autonomie hésitante, les mêmes déchirements que plusieurs autres personnages des nouvelles de l’auteure, dont Magdaléna dans « L’Enfant d’Asterman ». C’est en cela que cette nouvelle nous intéresse et se mérite certainement la considération du lecteur. [RB]

  • Source : L'ASFFQ 1987, Le Passeur, p. 137-138.