À propos de cette édition

Éditeur
Logiques
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Noëls, autos et cantiques
Pagination
109-126
Lieu
Montréal
Année de parution
1995
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Diane Lupien est désespérée en cette veille de Noël. Son jeune fils est chez son ex-mari et elle est seule. Elle noie son amertume dans l’alcool, puis elle sort sur la rue Sainte-Catherine, décidée d’en finir avec la vie. En passant devant la vitrine du magasin Ogilvy, Diane se laisse distraire par les personnages du village mécanisé auxquels s’est jointe une brigade d’anges chargés de prévenir les suicides. La chaleur humaine et l’entraide qui se dégagent du tableau ont pour effet de rasséréner la jeune mère.

Commentaires

Dans cette nouvelle comme dans les autres du recueil, Claude Daigneault met en scène un personnage esseulé la veille de Noël, la seule exception étant « Noël en juillet », une satire savoureuse du Noël du campeur. L’intention de l’auteur dans Noëls, autos et cantiques est de retrouver l’esprit d’autrefois avant que cette fête soit vampirisée par la société de consommation, soit en évoquant des souvenirs d’enfance (comme dans « La Soutane rouge » qui s’inscrit dans le ton des Contes pour tous), soit en proposant des récits qui, tout en montrant la misère morale de personnages solitaires et fâchés contre la vie, permettent d’espérer une vie meilleure à condition de changer sa façon de voir le monde et la société.

« En face du magasin » est un conte fantastique bon enfant, à la trame narrative très simple que l’auteur étoffe quelque peu par la présence de l’escouade des anges en mission. Ce « Swat Angel » n’est pas indispensable à l’histoire – le village mécanisé du magasin Ogilvy aurait très bien pu sortir de son cadre programmé sans l’intervention des anges – mais il permet à Daigneault d’exprimer sa passion de cinéphile et surtout d’insuffler une dose d’humour bienvenue à son conte. L’ex-critique de cinéma au quotidien Le Soleil ravive le souvenir des anciennes gloires d’Hollywood que sont Louise Brooks, Greta Garbo, Mae West, Gloria Swanson et Charlie Chaplin. Au-delà de sa cinéphilie, il faut peut-être voir chez l’auteur une façon d’affirmer la spécificité culturelle québécoise car c’est le jeune Gérard Barbeau, le chanteur à la voix d’or du film Le Rossignol et les cloches qui vole la vedette dans la vitrine d’Ogilvy.

La prose de l’auteur se veut familière et imagée mais les métaphores ne sont pas toujours heureuses (le cerveau confus du personnage principal est comparé à un embouteillage sur le pont Jacques-Cartier !) et j’ai relevé une incohérence gênante. Alors que « la pluie continuait de laver depuis une semaine toute trace de neige à Montréal », Daigneault précise que Diane Lupien, chancelante parce qu’en état d’ébriété, essuie avec les pans de son manteau « la carrosserie blanche de calcium des véhicules garés près du trottoir ». Comment les autos peuvent-elles être encore couvertes de calcium s’il pleut depuis plusieurs jours ?

On appréciera davantage cette nouvelle – et le recueil – si on entreprend sa lecture dans le temps des Fêtes. C’est ce que j’ai fait, d’ailleurs. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 61-62.