À propos de cette édition

Éditeur
L'Hexagone
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Nouvelles d'Amérique
Pagination
61-68
Lieu
Montréal
Année de parution
1998
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Arielle n’a qu’une idée en tête : gagner cette compétition aux cinq cents mètres en natation afin de se qualifier pour les Jeux du monde. Excellent départ. La nageuse est en parfait contrôle de son corps mais un doute s’insinue dans son esprit à mi-parcours. Et si la grande Déborah allait la devancer ? Alors Arielle se déleste du superflu à tel point qu’à la fin de la course, elle n’est plus… qu’un squelette.

Commentaires

Quel texte jouissif sur le dépassement dans le sport, sur la performance physique ! André Brochu a écrit un petit bijou de texte qui épingle quelques travers de la société québécoise. Au premier chef, cette fameuse recherche de l’excellence qui, parce que le Québec est un petit pays (enfin, pas encore, mais ça viendra !), est le seul moyen pour celui-ci de s’imposer sur la scène internationale. À un point tel que ce discours sur l’excellence est devenu le mot d’ordre de la société québécoise.

L’ironie de Brochu s’exerce aussi en passant sur la contamination du français par l’anglais, encouragée davantage il est vrai par les Français eux-mêmes qui trouvent chic – ou cool, devrais-je dire – d’émailler leurs conversations de termes anglais. Nul doute que la Fédération pour la défense et la promotion des trainings antidoping est un organisme français ! Et que dire des théories plus ou moins fumeuses pour expliquer la performance des athlètes et de cette analyse du rapport de la nageuse à la piscine ? « Son organe [sa vessie] s’était rempli à moitié et risquait de créer, avec la masse d’eau de la piscine, un rapport d’attraction égal à l’énergie divisée par le carré de la vitesse de la lumière, ce qui, en nanosecondes, pouvait constituer un retardement conséquent. » Tout simplement pissant !

L’auteur introduit un soupçon de fantasticité dans le texte par l’entremise du personnage de Déborah, une nageuse d’origine ougandaise qui dégage une « sombre aura chamaniste ». Et la finale, qui affirme l’absurdité de l’enjeu, confère à la nouvelle un effet fantastique saisissant qui rappelle certaines fictions d’André Berthiaume et d’autres textes de Brochu publiés dans son recueil L’Esprit ailleurs.

On pourrait aussi élaborer sur le symbolisme des noms – la détermination d’Arielle, relayée par son prénom, évoque la race aryenne et son ambition d’imposer sa supériorité raciale – pour établir la richesse de cette nouvelle qui brille par sa subtilité et son ton joyeusement féroce. « Encore un effort ! » est une décapante remise en question des aberrations auxquelles peuvent mener la compétition sportive et l’idéal olympique. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1998, Alire, p. 43-44.