À propos de cette édition

Éditeur
La Barre du jour
Genre
Fantastique
Longueur
Courte nouvelle
Paru dans
La Barre du jour, vol. I, n˚ 1
Pagination
26-27
Lieu
Montréal
Année de parution
1965

Résumé/Sommaire

Un matin, Antoine, qui dort toujours sans sa tête afin d’éviter les cauchemars, se présente à l’usine sans elle, l’ayant oubliée sur le tapis. À la surprise d’Antoine, sa distraction provoque tout un esclandre, mais il promet de ne plus oublier. Cependant, d’autres l’ont vu ainsi et, tout à coup, la mode des « sans-tête » est lancée, bouleversant l’ordre établi et menant tout droit à la fin du monde.

Commentaires

Courte nouvelle qui, en intégrant un seul élément fantastique – la possibilité de dissocier la tête du reste du corps – dans la réalité par ailleurs « normale » qu’elle propose, permet à l’auteur de montrer plusieurs travers de la société québécoise et mondiale des années 60. Car la satire est manifeste, le fantastique étant un prétexte afin de stigmatiser de façon imagée des éléments bien précis : pas besoin d’une « tête » quand on travaille à l’usine, mais ça pose un sérieux problème quand les étudiants n’amènent pas la leur à l’université… et la police, sur quoi pourra-t-elle utiliser ses matraques si les séparatistes n’en portent plus, et comment pendre tous ces « sans-tête » si, justement, ils n’en ont plus ?

Sans prétention, mais avec un plaisir manifeste, l’auteur poursuit sa gradation des effets de la nouvelle mode et la chute de la nouvelle, qui explique le titre, est sans détour : « La fin du monde était proche : elle arriva l’année suivante… ».

Un fantastique qui ne propose aucun basculement, donc, et qui, à la façon du réalisme magique, permet à l’auteur de passer son message, à savoir que toute civilisation qui ne permet pas à ses citoyens de se servir de leur tête est condamnée à brève échéance.

Enfin, une coïncidence anecdotique : l’auteur indique qu’il a rédigé sa nouvelle le 25 octobre 1964, et c’est aussi un 25 octobre à Valleyfield, mais en 1900, que la grève des journaliers de la filature de coton dégénérait en émeute et se terminait dans le sang sous la charge de plusieurs centaines de soldats ! Gageons que plusieurs, tant d’un côté comme de l’autre, n’avaient pas toute leur tête ! [JPw]

  • Source : La Décennie charnière (1960-1969), Alire, p. 76-77.