Espion (L')

Vladimir Sinsky est un espion russe capturé par les autorités américaines, décédé par étouffement. Il a rédigé un message caché dans une bague décrivant les circonstances de sa capture, circonstances inhabituelles, puisqu’elles impliquent un sérum de vérité fonctionnant de manière bien particulière : chaque fois que la personne qui en a été inoculée désire mentir, celle-ci est en proie à une toux doublée d’éternuements pouvant mener jusqu’à l’étouffement.

Cette courte nouvelle (1 page) est annoncée, au moyen d’un encadré, comme étant le premier inédit que le fanzine a publié et qui ne soit pas issu de la main – et de l’esprit – des membres du comité de rédaction. Évidemment, pour un fanzine, c’est là un bel événement, qui démontre que le périodique réussit à rejoindre un public, même restreint.
Cela étant dit, la nouvelle m’est apparue fort ordinaire, sombrant dans quelques clichés alors que la finale demeure somme toute prévisible, bien que l’ensemble ne soit pas complètement mauvais. L’auteur démontre des capacités certaines pour l’écriture, mais sa forme autant que le traitement de l’idée d’origine sont d’un amateurisme qui trahit une première publication. Ce n’est certes pas un crime, surtout dans un fanzine, lieu par excellence des premières armes et des récits n’ayant pas encore atteint leur plein potentiel ; n’empêche, il est dommage que le premier inédit en provenance de l’extérieur ayant l’insigne honneur d’être publié dans les pages de Requiem soit si… moyen, surtout lorsque l’on connaît, à rebours, la destinée que l’Histoire réservait à ce fanzine, alors tout jeune et dans ses premiers balbutiements.
On devine que le comité de rédaction n’a pas voulu refuser ce texte, premier à être reçu par la poste, alors que sa qualité, au final, demeurait somme toute passable. Requiem méritait probablement mieux. [MRG]

• Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 271-272.