À propos de cette édition

Éditeur
Ashem Fictions
Genre
Science-fiction
Longueur
Courte nouvelle
Paru dans
Roberval fantastique
Pagination
24-25
Lieu
Roberval
Année de parution
1998
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Choqué par la mort de son chien qui a lapé de l’eau empoisonnée, un homme se donne pour mission de faire cesser la pluie meurtrière qui tombe sur Undertown. Dans ce but, il devient un ange et s’introduit dans la Tour, mais seulement pour être capturé par les vamps qui le condamnent à être exposé aux précipitations mortelles.

Commentaires

Cette nouvelle est très courte mais dense et riche d’interprétations possibles. L’exergue, « à celles et ceux qui veulent la peau d’un archange déchu… », réfère bien sûr au narrateur qui est devenu un ange et qui va mourir, mais peut-être aussi au chef des anges déchus, responsable de tous les maux de l’humanité. Dans cette optique, le personnage principal combat une société injuste en tentant de mettre fin à la pluie mortelle qui s’abat sur Undertown, lesquelles précipitations proviennent des tuyaux d’une cité gigantesque. Comme tout sauveur, le héros lutte contre le Mal qui est ici la pollution et une structure sociale oppressive. Ceux d’en bas doivent supporter les conséquences désastreuses des réalisations de ceux d’en haut.

Il est permis de penser que ce personnage est une figure du Christ mais on peut encore bien davantage le comparer à Icare. Ses objectifs sont ambitieux, il monte trop haut… avec les conséquences que l’on sait.

Marc-André Ferguson se plaît à un jeu de miroirs constant. Les mêmes éléments reviennent mais dans des contextes différents. Ainsi, la main que le narrateur a exposée à la pluie et qui s’est enflée est aussi, dans le futur, la main trouée par une lame. Autre exemple : le narrateur reconnaît dans son propre regard (reflété dans l’eau et le sang) l’expression vide de son chien mort ainsi que l’espoir mort et enterré depuis longtemps qu’il a vu dans les yeux d’un faiseur de pluie. Cette façon de faire donne une grande cohésion à ce texte.

Pour le reste, Ferguson est avare de détails et d’explications, ne donnant qu’un faible aperçu d’un monde imaginaire qui mériterait d’être développé davantage dans un récit plus long. Le tout baigne dans une atmosphère de tristesse et de défaite, pour ne pas dire de nihilisme. L’inutilité du combat et du sacrifice, voilà la philosophie qui se trouve au cœur de ce conte. Très « fin-de-siècle », pourrait-on dire. Mais du moins, c’est fait avec talent : un beau désespoir poétique qui plaira aux amateurs de belle littérature. [DJ]

  • Source : L'ASFFQ 1998, Alire, p. 76.