À propos de cette édition

Éditeur
Écrits du Canada français
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Écrits du Canada français 40
Pagination
173-179
Lieu
Montréal
Année de parution
1976

Résumé/Sommaire

Un inquiétant médecin chauve aux yeux morts et aux doigts manucurés dirige l’inspection à laquelle Hercule Virgule est venu se soumettre, pour un mal jamais précisé et d’ailleurs diagnostiqué avant même l’examen : « Ce n’est rien, […] ce n’est pas grave ». Il se déshabille, se soumet aux auscultations les plus diverses et les plus intrusives, nécessitant doigts, instruments et appareils divers. La mise à nu ne s’arrête pas là : on enlève à Hercule sa peau, ensuite ses muscles, tous ses organes, jusqu’à démonter son squelette même, osselet par osselet.
Le patient ne s’en porte pas plus mal, restant docile durant le processus, quoique mal à l’aise, tandis que le docteur et sa troupe d’infirmières inventorie, soupèse et juge chaque morceau du tout. Au bout du compte, le désagréable médecin lui enjoint de se rhabiller et lui répète, en conclusion, de rassurantes généralités : « On n’en meurt pas… On en meurt bien sûr, au bout d’un certain temps. […] Il faut bien mourir un jour, n’est-ce pas… »

Autres parutions

Commentaires

L’échantillonnage que j’ai eu à lire pour cet ouvrage est trop mince pour en conclure qu’on affectionnait dans les années 1970 les histoires sans queue ni tête… mais la conclusion est tentante. Ainsi, le fil de ce récit serait une corde à linge sur laquelle Normand Rousseau se serait plu à accrocher des jeux de mots, quelques-uns épars, d’autres en ribambelle, des enchaînements aux accents de cadavre exquis, des bribes (pseudo-)philosophiques, et quelques rares instants de lyrisme tels des foulards chatoyants parmi une cordée de sous-vêtements gris.
Et les poulies de cette corde à linge grincent : l’auteur revient avec une curieuse insistance sur certains aspects, les sueurs d’angoisse du patient Hercule, le sourire crispé et fuyant du sinistre Hippocrate, une verrue qui fait l’objet d’un paragraphe entier.
S’en dégage une forte impression de nosocomephobie (la peur des soins médicaux), une fixation sur les mains et les yeux puis, juste sous la surface, des fantasmes sado-masochistes impliquant les infirmières. Le personnage sortira de l’épreuve curieusement satisfait, comme après un massage en profondeur, parfois douloureux mais générant un sentiment final de béatitude.
Ce qui n’est certes pas le cas du lecteur au terme de ces quelques pages. [DS]

  • Source : Les Années d'éclosion (1970-1978), Alire, p. 344-345.