À propos de cette édition

Éditeur
Le Palindrome
Genre
Fantastique
Longueur
Novelette
Paru dans
L'Horreur est humaine
Pagination
175-230
Lieu
Québec
Année de parution
1989
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Marie-Louise est attaquée par un loup-garou mais au dernier instant, celui-ci l’épargne. Touchée par sa triste condition, la jeune criminologue haïtienne l’héberge chez elle. Entre-temps toutefois, des meurtres sont commis dans le quartier. L’ex-concubin de Marie-Louise soupçonne la vraie nature de Philibert Romulus et le dénonce à la police.

Commentaires

Dans « La Faim justifie les moyens », Stanley Péan adapte le thème du loup-garou à la sauce haïtienne en faisant intervenir la magie du vaudou. Le récit emprunte aussi au genre policier alors qu’un capitaine de police tente d’élucider une série de meurtres horribles.

L’auteur s’efforce de rendre sympathique le personnage de Philibert Romulus, victime d’un sorcier vaudou, en fouillant les causes de sa con­dition. Cette démarche, qui s’inspire de celle d’Anne Rice dans Lestat le vampire, constitue l’aspect le plus intéressant du texte. Cette approche nouvelle de la lycanthropie est cependant lourdement hypothéquée par la lourdeur du récit et le point de vue de l’auteur.

En effet, Péan se livre à une dénonciation pesante et appuyée du racisme, dénonciation au premier degré beaucoup moins subtile que dans le recueil La Plage des songes. Les allusions nombreuses à l’actualité récen­te telles que l’affaire Gosset/Griffin, les tensions raciales à Montréal et le racisme de la police montréalaise n’arrangent pas les choses.

Outre des dialogues sans intérêt, on note plusieurs invraisemblances dans le récit : Marie-Louise parachutée en pleine conférence de presse aux côtés du capitaine alors qu’elle le connaît depuis à peine cinq minutes ; Marie-Louise saisissant Philibert au vol quand il se jette sur elle à la fin.

Certes, l’auteur a choisi d’adopter un point de vue distancié lui permet­tant d’échapper aux clichés qui discréditent le genre. Il se moque gentiment des récits de série B mais, à part une honnête et intéressante tentative de fouiller le passé de Philibert, on ne voit pas en quoi Péan se distingue des tâcherons qui écrivent les scénarios prévisibles des films de loups-garous. On finit par être agacé par les clins d’œil de l’auteur qui multiplie les expressions faciles : « avoir une faim de loup », « reprendre du poil de la bête », « être de mauvais poil ».

Cette nouvelle, qui aurait pu être raccourcie de moitié, est loin d’atteindre la qualité remarquable de l’autre texte de Péan dans L’Horreur est humaine, « Le Cabinet du Docteur K ». [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 148.