À propos de cette édition

Éditeur
Stop
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Stop 134
Pagination
9-17
Lieu
Montréal
Année de parution
1994
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Au cours d’une rencontre avec une prostituée, Dan, jeune intello, observe par la fenêtre de la chambre d’un tourist room une curieuse scène qui se déroule dans l’immeuble d’en face. Intrigué par ce qu’il a vu, il décide de revenir à la même chambre le lendemain pour vérifier si la scène va se répéter. La scène est différente, mais tout aussi étrange : une femme aux cheveux courts bruns et d’autres personnages évoluent dans des costumes et un décor surréels qui lui rappellent les œuvres du peintre belge Magritte. Il se procure alors un livre illustrant les principales œuvres du peintre et entreprend d’identifier les tableaux qui sont reconstitués sous forme théâtrale par des personnages réels. Il découvre chaque soir la femme aux cheveux courts bruns dans un nouvel univers, jusqu’à ce qu’il reconnaisse le tableau L’Assassin menace. Il accourt alors dans l’immeuble d’en face afin d’empêcher l’œuvre de se concrétiser et se retrouve confronté au monde « magrittien » qu’il avait observé depuis sa chambre d’hôtel. Jusqu’à ce qu’il découvre que la fenêtre de la chambre qu’il vient de quitter est elle-même une toile entre les mains de la femme aux cheveux courts bruns. Tout n’est qu’illusion…

Commentaires

Natasha Beaulieu l’a démontré à plus d’une reprise : elle sait écrire et ses textes « fonctionnent ». En quelques traits, elle campe les personnages de Dan et de sa copine prostituée Jenny en même temps que l’étrange mise en scène « magrittienne » est vue pour la première fois. Ce qui étonne, c’est le traitement désinvolte du sujet, l’attitude détachée du personnage de Dan qui se sent attiré par le phénomène, au point de reproduire lui-même une toile du peintre dans la chambre du tourist room avec Jenny. Pas de pourquoi ni de comment, juste l’acceptation de l’illusion. Cette acceptation des choses donne à la courte nouvelle un élan qui entraîne le lecteur dans une mise en scène efficace et envoûtante.

Il faut mentionner la description minutieuse des tableaux vivants que Dan observe depuis la chambre (les couleurs, les costumes, les accessoires…) et le monde déformé qu’il découvre en se rendant dans l’immeuble d’en face pour empêcher l’assassinat de la femme aux cheveux courts bruns. Le personnage ne craint pas d’intervenir dans ces reconstitutions artistiques et se comporte comme tel jusqu’à la fin où, voyant la fenêtre de la chambre du tourist room devenir toile entre les mains de la femme qu’il voulait sauver, il lui lance une pomme verte digne d’un tableau de Magritte et la détruit. Pas de temps à perdre avec l’illusion d’une femme.

« La Fenêtre qui donnait sur autre chose » est un texte court et efficace. Une belle réussite dans le genre. [JD]

  • Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 14.