À propos de cette édition

Éditeur
C't'un fait, Jim !
Genre
Fantasy
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Épitaphe 4, tome 3
Pagination
5-11
Lieu
Longueuil
Année de parution
1998
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Âgé de 99 ans, Maître Samsagace n’a d’autre préoccupation dans l’existence que celle de cultiver son immense potager. Cette vie tranquille est troublée par l’arrivée de sa fille, Elanore, accompagnée de Gandalf. Elle annonce à son père qu’elle veut se rendre en Mordor afin de s’assurer que l’Anneau a bel et bien été détruit… Mais cette histoire-là n’est qu’une chimère que s’invente le vieux Sam pour se consoler de la perte de sa fille alors qu’elle n’était qu’un bébé.

Commentaires

Cette nouvelle qui se déroule plusieurs années après la conclusion du Seigneur des anneaux a été écrite spécialement pour un numéro du fanzine Épitaphe consacré à Tolkien. Il est rare que ce genre de texte-hommage soit autre chose qu’une tentative plus ou moins réussie d’imiter un auteur que l’on admire. Pourtant, la conclusion crée un effet-choc en présentant une totale rupture de ton avec le début de la nouvelle qui est plutôt humoristique.

Bourguignon démontre une bonne compréhension d’un personnage qui n’est pas le sien. Dans la trilogie de Tolkien, Sam représente ce qu’on appelle l’« homme ordinaire » qui mène une vie sans histoire et ne désire d’ailleurs rien d’autre. C’est son amitié pour Frodo qui l’entraîne dans des péripéties extraordinaires en compagnie de personnages qui sont ou vont devenir légendaires parfois contre leur gré. Cela peut survenir même dans les existences les plus banales mais ça ne peut évidemment pas durer. La « petite vie » finit par reprendre ses droits sur l’« homme ordinaire ». À la fin de la trilogie, Sam est le seul à demeurer derrière, à choisir la vie non héroïque. Il connaîtra cependant les tragédies du quotidien, celles qui sont le lot de tous. Ici, il s’agit de la perte de sa fille.

La subtilité de Bourguignon, c’est d’avoir imaginé que Sam en soit venu à considérer une aventure qui l’avait autrefois terrifié comme plus acceptable que ce qu’il a à vivre au quotidien, cela même si dans son fantasme de père éploré, il s’évanouit à l’annonce de la quête que veut entreprendre sa fille. On peut voir aussi dans ce texte une métaphore de l’artiste ou, de façon plus générale, de toute personne qui pratique le rêve éveillé et qui en vient à considérer ce qui se passe dans sa tête comme plus attrayant que le réel. Bourguignon réussit bien à faire partager au lecteur la tristesse du vieil Hobbit. [DJ]

  • Source : L'ASFFQ 1998, Alire, p. 39.