À propos de cette édition

Éditeur
Carfax
Genre
Fantasy
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Carfax 31
Pagination
5-17
Lieu
Montréal
Année de parution
1987
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Tous les rejetons du fils d’Outhar meurent en bas âge. Or, son peuple disparaîtra s’il ne peut céder sa succession à un fils majeur. Méro-Déva est choisie pour assurer cette descendance tant attendue. Elle accouche d’un vigoureux garçon mais le père est assassiné par l’amie intime de Méro-Déva. Le peuple, ayant perdu tout espoir, n’attend plus que la fin.

Commentaires

À prime abord, on s'attend au récit de la prise de conscience et de la libération d’une femme qui décide d’échapper à sa condition. On n’a pas tout à fait tort puisque dans cette société, le rôle de la femme est limité à sa fonction de reproductrice. Mais alors même que la narration est assumée par Méro-Déva, c’est le fils d’Outhar qui accapare l’attention car la société archaïque décrite par Marie-Claire Gilles repose entièrement sur lui.

Une croyance fortement enracinée veut en effet que la survie du peuple soit étroitement liée à la pérennité de la lignée du fils d’Outhar. Cependant, l’auteure ne donne pas à ce personnage une présence physique qui justifierait cet ascendant et cette autorité morale qu’il exerce sur son peuple. La fatalité des habitants n’est pas sans nous laisser croire que l’influence d’Esther Rochon commence à se faire sentir chez les nouveaux auteurs de SFQ.

Bien articulée dans ses diverses séquences, la nouvelle laisse voir cependant quelques faiblesses que le vernis mythologique ne parvient pas à masquer complètement. Certains faits ne sont pas clairement expliqués. Pourquoi les enfants du fils d’Outhar sont-ils condamnés à mourir jeunes ? Pourquoi la Forlane assassine-t-elle le fils d’Outhar alors qu’elle regrette tout de suite son geste ? On comprend la réaction de la victime qui est lasse de devoir toujours recommencer son œuvre et qui appelle la mort et la délivrance. On ne comprend pas celle de l’amie de Méro-Déva. Même si ce geste ne contredit pas l’orientation philosophique du texte, il semble dicté avant tout par la possibilité qu’il fournit à l’auteure de conclure sa nouvelle sur la note la plus tragique qui soit, alors que tout le récit nous laisse croire que la narratrice réussira à conjurer la malédiction.

Marie-Claire Gilles réussit à mettre en valeur les disparités régionales et les diverses composantes de cette société propre aux récits de fantasy. L’écriture est efficace et agréable, à part quelques maladresses comme

Il est bon que la SFQ ne repose pas que sur des valeurs établies et que les nouveaux auteurs apportent aussi leur contribution. Bienvenue, Marie-Claire Gilles ! [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1987, Le Passeur, p. 93-94.

Références

  • Sernine, Daniel, Faerie 3, p. 44.