À propos de cette édition

Éditeur
Écrits du Canada français
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Écrits du Canada français 20
Pagination
131-142
Lieu
Montréal
Année de parution
1965

Résumé/Sommaire

Peu après son entrée en fonction, Jean Vary, sous-ministre au ministère de la Défense nationale, est convoqué au Poste central de Commandement. La situation est critique : un objet volant non identifié a été repéré dans le ciel au nord de l’Ungava et les services d’écoute américains ont capté un message, provenant précisément de cet endroit, où des gens prétendent être à bord d’un engin spatial originaire d’un autre système solaire. Le Pentagone est sur les dents, il estime qu’il s’agit d’une ruse de la part des Russes et que l’objet est en réalité un missile soviétique. Brejnev, dirigeant de l’URSS, nie tout et ajoute que son état-major considère l’affaire comme une ruse américaine devant servir de prétexte pour attaquer son pays. Jean Vary est perplexe : s’agit-il d’un missile, d’un vaisseau spatial ou bien d’un immense canular ?

Commentaires

Le thème de la vie extraterrestre est sans doute l’un des plus féconds de la science-fiction. Qu’il s’agisse de contacts avec des êtres venus d’ailleurs dans l’univers, d’enlèvements par des extraterrestres, de guerres interplanétaires ou de voyages intergalactiques qui permettent de découvrir de nouvelles formes de vie, le sujet a alimenté de nombreux récits de SF depuis la création du genre. Ce qui est particulier avec la nouvelle de Claude Major, écrite dans un style simple, parfois familier, c’est que l’existence d’une vie extraterrestre n’y est qu’hypothétique, du moins pour les personnages. Aucun d’eux, en effet, n’a jamais vu d’extraterrestre et l’hypothèse d’un missile soviétique au nord de l’Ungava leur apparaît beaucoup plus plausible, dans le contexte de la Guerre froide, que celle d’un vaisseau spatial en provenance d’un autre système solaire. Bien que Jean Vary, lui, croit à l’existence d’êtres venus d’ailleurs, il n’est pas en mesure de la prouver et il est perçu comme un marginal par son entourage. C’est d’ailleurs son point de vue qui nous est présenté tout au long de la nouvelle, le narrateur ayant choisi de focaliser sur ce personnage. Le lecteur reste donc dans le doute quant à une éventuelle existence extraterrestre puisque Jean Vary lui-même n’est pas certain que l’objet volant non identifié appartienne à des êtres venus d’un autre système solaire. En outre, plus la nouvelle avance, plus il penche pour l’hypothèse d’un missile soviétique ou d’un canular.

Au dernier paragraphe de la nouvelle, cependant, le narrateur délaisse la focalisation interne sur Jean Vary et révèle que l’OVNI en question était bien un vaisseau spatial, en provenance de la douzième planète d’Alpha du Centaure. Déception… Jusque-là, le texte était captivant, le lecteur se perdait en conjectures et l’écriture, serrée, contribuait à le tenir en haleine. La chute de la nouvelle vient tout saboter. L’auteur aurait eu avantage à omettre ce dernier paragraphe. Nous y aurions perdu une nouvelle de science-fiction, certes, mais nous y aurions gagné un texte plus riche et combien plus intéressant… [SN]

  • Source : La Décennie charnière (1960-1969), Alire, p. 124-125.