Forêts de Flume (Les)

Sur Flume, colonie de la Terre vouée à la recherche scientifique, les journées sont longues (32 heures), la végétation, exubérante (voire extravagante), et l’existence, austère. Débarqué là avec son père l’exobiologiste Mylos Sauliat, Lory, 14 ans, n’attend pas grand-chose de ce séjour. Il s’en passe néanmoins de belles : disparition de chercheurs, raids de « braconniers »… Sauliat lui-même, bientôt victime d’un complot politique orchestré par un administrateur colonial corrompu et sa conseillère machiavélique, est menacé. Lory, entraîné par hasard dans une périlleuse expédition en compagnie du Terrien Asul, de la Flumienne Pier et de l’apprenti pilote Juno, aura l’occasion de mettre au jour une affaire complexe susceptible d’entraîner la fermeture de la colonie.

Avec ce premier récit, Guillaume Couture, diplômé en chimie et en géologie, a su créer un monde cohérent et crédible. Son ailleurs flumien est dépeint de façon à la fois succincte et précise, ce qui permet au lecteur de s’approprier aisément cet univers au demeurant proche du nôtre à maints égards car Flume a été « reconditionnée » par les humains et en principe, toute la vie flumienne vient de la Terre.

De fait, plus qu’une simple colonie, Flume est en réalité une immense réserve écologique dévolue aux fins de la Terre surpeuplée et en mal de ressources. Des difficultés se dessinent toutefois à l’horizon. Par exemple, le climat flumien a ses particularités, les espèces terrestres transplantées ici ont évolué différemment et les génomes « commencent à diverger », remarque un scientifique. On prévoit donc des problèmes à l’exportation en raison des lois sur « la conservation des génomes originels ». En somme, loin du clone terrestre espéré, loin de la recréation utopique, un écosystème original est en train de voir le jour et à l’évidence, des raisons économiques et politiques font que cela préoccupe l’Administration coloniale.

Par le détour de la SF, Couture pose avec une certaine acuité la question de l’exploitation des ressources et de la conservation de la nature. C’est d’ailleurs, avec la véritable origine de la vie flumienne, l’un des principaux ressorts dramatiques d’une intrigue plutôt bien menée, et dans laquelle, puisque nous sommes en présence d’un roman pour la jeunesse, les jeunes héros joueront un rôle clé.

Les Forêts de Flume se révèle au final une heureuse surprise, d’autant qu’il est le fruit d’un auteur qui en est à ses premières armes. De l’éthique, de l’action, des dialogues qui sonnent généralement juste, une écriture efficace : jeunes ou adultes, les lecteurs sont loin d’en se voir toujours proposer autant. [FB]

• Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 58-59.

• Dupuis, Simon, Solaris 116, p. 39-40.
• Martin, Christian, Temps Tôt 38, p. 55-56.
• Meynard, Yves, Lurelu, vol. 18, n˚ 2, p. 17.
• Trudel, Jean-Louis, KWS 20, p. 5-7.